Bon Voyage
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le 25 juin 2022
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Bon voyage retranscrit par une esthétique du déplacement la confusion tout à la fois physique et idéologique qui définissait la France lors de la capitulation puis de l’Occupation allemande : la multiplication des acteurs qui évoluent en différents lieux – il faut quitter Paris pour Bordeaux, peut-être Bordeaux pour Nice, emprunter le train, la voiture, le bateau puis le parachute, courir beaucoup et souvent se cacher –, l’éparpillement des missions et des intérêts dessinent une carte de l’Histoire rigoureuse parce que confuse, et cartographie le cœur humain saisi dans ses inclinaisons paradoxales. L’écriture du scénario se saisit de l’état de transit géographique et sentimental comme d’une métaphore de la confusion des sentiments en général, et dans une situation particulière qui contraint les individus à choisir un camp face à l’hégémonie nazie. L’intelligence du long métrage tient alors à sa façon de représenter l’engagement politique telle la conséquence d’un concours de circonstances, de sorte à ne jamais ériger un personnage ou un groupe de personnages en héros ; chacun est projeté dans son action qui se heurte à celle d’autrui, converge ou diverge, entraînant d’autres actions. La versatilité règne en maître, depuis les arcanes du pouvoir jusque sur la scène théâtrale et cinématographique, offrant un espace de réflexion sur les pouvoirs du cinéma, art de divertissement et de résistance.
La mise en scène témoigne d’une rigueur absolue : soin apporté à la photographie et à la lumière, direction d’acteurs précise, fluidité des scènes juxtaposées – malgré une tendance à la répétition, due certainement à la reprise du même thème musical composé par Gabriel Yared lors des séquences de suspense. Surtout, Bon voyage donne l’impression de vivre l’Occupation de l’intérieur, en témoignent les scènes de foule dans des espaces clos (restaurant, hôtel…) ou à l’extérieur (déplacement de populations sur les voies publiques). Nulle exécution de masse, nul « Heil Hitler ! », nulle croix gammée ici : les clichés de la reconstitution historique sont balayés au profit du mouvement pur des corps et des cœurs. Une réussite, à défaut d’un grand film.
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le 10 janv. 2024
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