Il est commun d'associer le roman emblématique d'où est tiré le film à la jeunesse rebelle et insouciante de son auteur Françoise Sagan. C'était donc un pari risqué pour un metteur en scène de 50 ans comme Otto Preminger d'être crédible en adaptant le roman d'une adolescente de 18 ans. D'autant que la petite musique, c'est ainsi que l'on qualifie le style de Sagan, n'a rien de très cinématographique.


Certes le film a une affiche prestigieuse : Jean Seberg, Déborah Kerr, Mylène Demongeot et David Niven. Auxquels il faut ajouter Juliette Gréco en l'hommage de qui le film était projeté sur la télé publique. Mais son rôle se borne à chanter durant quelques secondes sur un coin de scène. (Bravo pour la programmation si pertinente du service public). C'est le genre de film fidèle au roman qui surfe sur un succès de librairie pour profiter du vent favorable.


Mais quelle désinvolture de nous faire croire que le so british David Niven est un riche Français du nom de Raymond. De même pour le choix de Déborah Kerr surnommée en son temps la Rose anglaise, peu crédible en créatrice de haute couture. Et Jean Seberg sera pour toujours la petite américaine vendeuse du  New York Herald Tribune d'A Bout de Souffle, tourné 2 ans plus tard. C'est cependant elle dans le rôle de Cécile qui se rapproche le plus de ce que l'on s'imagine de Françoise Sagan jeune, à la fois spontanée, libre et insolente et c'est sa seule présence à l'écran qui empêche de décrocher, car le scénario est bien mince. L'arrivée d'une femme stricte (Déborah Kerr )qui veut contraindre Cécile à réviser son examen de rattrapage du bac la pousse à manigancer son coup pour éloigner de son père cette empêcheuse de tourner en rond.


Une autre idée déconcertante est l'irruption de quelques scènes en noir et blanc. Après un long brainstorming il semblerait que les scènes du présent soient en noir et blanc et que le flash-back, qui représente l'essentiel du film, est en couleurs, contrairement à la norme habituelle.
Effectivement la tonalité de la plus grande partie du film reflète l'insouciance de l'adolescente qui veut profiter du soleil, des joies de la baignade et des sorties nocturnes. Seule la toute dernière scène où Cécile est confrontée au remords, après que son plan eut trop bien marché, est mélancolique et justifie le titre du film qui aurait dû s'appeler plus justement Les jours de l'insouciance.


Bonjour Tristesse (le livre) a été en son temps, au temps de René Coty (qui ça?) un phénomène de société et a eu un succès de scandale, on se demande bien pourquoi aujourd'hui. Bonjour Tristesse (le film) a perdu aujourd'hui, en même temps que le parfum de scandale, la plus grande partie de son éclat.

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le 5 oct. 2020

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