Qu'on me raconte une belle histoire ou qu'on me propose une découverte bien documentée, je suis toujours preneur et dès lors en phase avec ce dont le cinéma peut-être porteur quand celui ou celle qui est aux manettes s'en donne la peine.


Bonne mère de Hafsia Herzy est de cette seconde veine. Nora/Halima Benhamed est la mère d'une tribu qui vit dans un logement social des quartiers nord de Marseille. Elle occupe deux emplois simultanés, aide-familiale auprès d'une personne âgée et employée dans une société de nettoyage qui prépare les avions de ligne de Marignane. Deux filles, deux fils, une petite-fille, un petit-fils adolescent dont le père est en prison pour braquage. Nora est le pivot de la famille et la principale ressource en tout pour son petit monde. Bonne mère ? Plutôt une version contemporaine de Mère courage qui restera «  forte tant qu'elle sera debout ».


Nora se saigne pour faire vivre tout le monde. Elle ira jusqu'à vendre ses bijoux pour essayer de rassembler les honoraires de l'avocate qui doit assurer la défense de son fils. On sait l'importance qu'ont les bijoux pour les femmes nord-africaines. Ils sont la petite fortune qu'elles accumulent patiemment et il sont en définitive la seule chose qui leur appartient.


Jamais le film de Hafsia Herzi ne tombe dans le misérabilisme, il montre la force de l'une et les faiblesses de celles qui a tout moment peuvent dériver et être tentées par l'argent facile.


Bonne mère a le mérite de montrer les habitants d'un quartier tels qu''ils sont, sans les stigmatiser et sans leur chercher des circonstances ni atténuantes, ni aggravantes. Quand Ellyes fait une sortie sur le thème « c'est la faute à la France » pour expliquer son dérapage vers la délinquance, sa mère le remet vertement à sa place en l'invitant à se taire et de cesser de dire des âneries.


Hafsia Herzi n'est pas nouvelle venue dans le monde du cinéma. Elle y va et vient depuis 2007 avec persévérance. C'est qu'elle est prolifique la guêpe ! Tour à tour comédienne et réalisatrice, elle finirait par nous décrocher un autre César et même une Palme si on la laisse faire !


C'est d'ailleurs ce que nous avons de mieux à faire, l'encourager à poursuivre sur la même voie et à la suivre du coin de l'oeil.

Freddy-Klein
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le 3 août 2021

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Freddy Klein

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