Le dvd s'ouvre sur le sempiternel cercle blanc avançant en se démultipliant avant de devenir le bout d'un canon sur une reprise tout juste arrangée à coups de percussions du célèbre thème de John Barry. Immédiatement après, le film débute avec ces mots : "Toute ressemblance avec James Bond ne serait que pure coïncidence". J'suis désolé mais rien que ça, moi ça m'fait marrer.
S'en suit la scène d'intro détonante. Un espion tente de récupérer un crâne géant de dinosaure mystérieusement dérobé (oui le scénar est génial) dans une fusillade effrénée avant de faire face à un étrange adversaire vêtu d'une armure indestructible rappelant fortement Jet Jaguar (Godzilla vs Megalon) et armé d'un pistolet d'or surpuissant. Une séquence mêlant hommage au célèbre espion et à John Woo dans une avalanche de plans qui rappellent fortement "Hard Boiled", montrant encore une fois la capacité de Chow à filmer ses débilités avec un savoir faire solide et amoureusement inspiré.
Mon dieu que ce type est con... C'est en gros ce que j'ai du me dire une dizaine de fois pendant le film tout en me vautrant dans une bien défoulatoire hilarité... Et c'est sans honte aucune que j'admets ça, alors que les notes de mes chers éclaireurs n'élèvent que laborieusement ce film au dessus de la moyenne. Et c'est sans trop de difficulté aussi que je peux comprendre ça, venant à l'instant de profiter de cet enchaînement de gags aux allures parfois vides, inappropriées ou déjà-vues dans un ensemble aux tons lourdingues... On se trouve tout de même bien loin du panthéon des plus belles farces du bonhomme...
Mais que voulez vous, ce trublion a juste à se prendre une vitre dans la tronche (déprimant...), à engager un duel au couteau yeux dans les yeux avec une peluche de Mickey (aberrant...), à cracher sur son voisin de table d'un air naturel et désabusé (sidérant...), à rebondir sur une mallette à ressorts en hurlant "valise magique !" comme Sangoku avec son bâton pour se manger un mur dans la tronche (désarmant...), à demander un film porno comme anesthésiant (affligeant...), le tout avec ça bonne tronche inénarrable, pour que je me mette à rire sans la moindre retenue... Je suis faible avec ce type...
Et encore une fois, cette poursuite du crâne de giganotosaurus géant (déduction personnelle faite à partir du visuel proposé dans le film, semblant être relativement proche de cette espèce, en format exagéré) est le terrain propice aux plus abracadabrantes des absurdités, parfois jubilatoires de justesse mais ici bien souvent pataudes voir exaspérantes, alliant pourtant action punchy et romance mignonnette dans une alchimie qui fait mouche, tout à fait efficace.
Je n'suis pas un fan de la première heure de James Bond, et plus particulièrement de ce qu'il a pu devenir au fil de ces dernières années, et c'est peut être un atout pour trouver cette gigantesque déconnade assez savoureuse. Il reste qu'au delà du modèle de base qui fait tout le cadre de cette grosse connerie, et au delà des multiples références autres qui font que ce truc, fidèle représentant de son pitre de réalisateur, se permet de flirter un peu partout ailleurs en fouinant assidûment là où il y a matière à foutage de gueule affectueux, ce film sait, encore une fois, rendre ses personnages attachants au possible, son histoire nullissime drôle et captivante et partager son spectateur peu exigeant entre légères émotions et franche marrade.
Bien sûr, je l'redis, on est très loin des fleurons de Chow, là où il sait si souvent mêler subtilité touchante et humour poignant dans un art inimitable. Mais bien qu'imprégné d'un arrière goût amer de "vite-fait", consommation rapide à la saveur impersonnelle, Bons baisers de Pékin est un moment de comédie unique, aussi fin et doux qu'un tyrannosaure dans un magasin de porcelaine, mais au moins aussi drôle.
