Un des meilleurs de la série. Parce qu'il ne tombe pas dans les pièges qui seront récurrents par la suite. Ici, pas trop de gadgets (un simple attaché-case suffit) et on ne fait pas vraiment confiance aux scènes explosives.
Par contre, le film bénéficie d'un excellent scénario, où tous les événements s'enchaînent avec une logique implacable et où tout roule tout seul vers son final, en gardant suffisamment de scènes d'actions pour rappeler dans quel type de film nous sommes, mais pas trop non plus. Bons Baisers de Russie n'est pas une succession de fusillades et de courses-poursuites, c'est avant tout un film d'espionnage qui sait très bien ménager le suspense.
A ce titre, la mise en scène est une particulière réussite. Terence Young sait en faire assez pour accrocher fermement son spectateur tout en restant subtil. Il parvient à maintenir son suspense, mais il sait aussi très bien filmer des scènes d'action (l'attaque du camp gitan est remarquable, et le duel dans le train est filmé d'une façon très moderne).
L'autre grand point fort du film, c'est son interprétation. Aux côtés d'un Sean Connery dont on ne va pas, une fois de plus, chanter ici toutes les louanges, on trouve une impressionnante Lotte Lenya (épouse de Kurt Weill, le compositeur de L'Opéra de Quat'Sous) en Numéro 3, actrice d'origine autrichienne qui est inoubliable dans son costume de faux officier soviétique. Pedro Armendariz (que les habitués des films de John Ford connaissent bien, et dont c'était un des derniers films) est très efficace en espion Turc (même si on ne peut pas cacher l'étrangeté de voir un acteur mexicain interpréter un personnage turc).
Le sommet de l'interprétation, c'est l'excellent Robert Shaw (le futur chasseur de requin des Dents de la Mer, mais qu'on retrouvera aussi dans divers classiques du film de guerre ou dans L'Arnaque), impressionnant en tueur froid, méthodique et élégant.