Ce film troue le cul !
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le 20 avr. 2015
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Tout auréolé de l'esprit Charlie, vendu avec la caution affichée et vantée du journal satirique, Bonté Divine promettait dans sa bande annonce un argument humoristique frais et léger afin de critiquer dans la bonne humeur certaines positions de l'église sur le préservatif et la procréation. La première moitié du film confirme ces bonnes intentions, avec son prêtre potache armé d'aiguilles ou encore derrière sa machine à coudre. Pas mal de pistes sont ainsi explorées la plupart du temps avec bonheur, s'autorisant même des petits apartés croustillants sur la mixité religieuse ou l'envahissement touristique de l'île suite à l'explosion de son taux de natalité. Malin, subtil, le film de Vinko Bresan nous guide sur les chemins de la satire exercée par quelques sales gosses en mal de tours pendables.
Mais, en plein milieu et sans crier gare, le curé retourne sa soutane, abandonnant subitement l'humour au profit d'un aspect beaucoup plus sombre, voire tragique. Pile au moment ou l'homme de Dieu perd le contrôle des événements et que la potacherie dérape. La satire n'agit dès lors plus que par petites touches, étouffée dans un décor noirci par l'issue de certaines situations, ainsi que certains thèmes abordés, jusqu'au pire des clichés dans les dernières minutes, alors que pourtant, Bonté Divine avait réussi à éviter jusqu'ici cet écueil. Charlie est ainsi perdu dans la masse, comme celui avec son pull à rayures, ses culs de bouteille et son bonnet ridicule, qu'il faut retrouver dans des maxi dessins qui font mal aux yeux et font le bonheur des ophtalmos.
Cette seconde partie dénonce ainsi l'inconséquence du père Fabijan, qui n'aura pas hésité à briser des vies, mais se prend dans le même temps les pieds dans le tapis en posant des questions assez hors sujet telles la "qualité" des parents par le biais d'un personnage dérangé mentalement. Elle dénonce de manière plus générale l'inconséquence de toute l'Eglise, ainsi que son silence, sa complicité et surtout, sa volonté de ne pas être éclaboussée dans les médias par de nouveaux scandales qui nuiraient un peu plus à son image. Cette charge contre la religion catholique, si elle n'est pas dénuée de fondements, perd de sa puissance et de sa pertinence dès lors que Vinko Bresan et son scénariste opèrent le changement d'angle qui affecte l'oeuvre, faisant de Bonté Divine un film trompeur, comme avait pu l'être Diversion il y a de cela quelques semaines.
Si, lors du générique final, nous gardons quelques bons souvenirs de ce que nous avons vu, car tout n'est pas à jeter, les dernières minutes de l'oeuvre laissent un drôle de goût en bouche. Et dès lors, dans la tête du spectateur, partagé sur ce qu'il vient de voir, une interrogation résonne : Mais où est Charlie ?
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le 2 mai 2015
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