Des boums et des bangs

Troisième réalisation, et deuxième sur trois pour la seule année 1947, d'Elia Kazan, Boomerang nous emmène dans une petite ville tranquille troublée par l'étrange assassinat d'un curé, où quelques indices désignent très vite un homme comme coupable.

Kazan s'inspire ici d'un fait divers datant de 1924 où le meurtre d'un pasteur est resté impuni, et nous fait suivre la façon dont un homme va être accusé et comment il va semer le doute dans l'esprit d'un procureur. Passionnant de bout en bout, Boomerang convenait parfaitement à Elia Kazan, capable de tirer le meilleur de cette histoire de meurtre mêlant vindicte populaire, pression, procès ou encore corruption, devant chercher où se trouve la vérité.

Il arrive à captiver de bout en bout, sachant bien mener son récit et distiller les divers éléments, bénéficiant notamment d'une écriture de qualité, tant pour les personnages que dialogues, qu'il ne manque pas de sublimer. En effet, c'est notamment le procureur qui va retenir l'intention, tandis que Kazan ne manque pas de dresser une galerie de personnages intéressante, et parfois ambiguë à souhait, des individus atypiques et un saisissant tableau de cette Amérique.

Il n'hésite d'ailleurs pas non plus à critiquer ce pays et son système judiciaire, ainsi que la foule, les jugements hâtifs et l'importance que l'on peut leur donner. Derrière la caméra, Kazan montre une vraie efficacité à défaut de parvenir à créer une véritable atmosphère prenante, tandis qu'il dirige avec brio ses comédiens, Boomerang proposant plusieurs prestations de grandes qualités à commencer par un génial Dana Andrews dans le rôle du procureur.

Elia Kazan propose avec Boomerang une oeuvre efficace et passionnante, notamment grâce à une atypique et étrange galerie de personnages, tout en mettant à mal le système judiciaire américain et emmené par d'immenses comédiens, à commencer par Dana Andrews, Arthur Kennedy et Lee J. Cobb.