Laurent et Lafitte.
Adapté d'un roman de Tatiana de Rosnay. Heureusement que je n'avais pas eu cette information avant le générique final. Car mon entêtée bêtise m'aurait mené à bouder volontairement ce film que...
le 21 oct. 2015
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Boomerang est tiré d'un roman. Et comme beaucoup de drames français qui s'inspirent de romans, il comporte pour moi un immense défaut qui ne pourra que tirer ces films vers le bas, quasiment à chaque fois. Ce défaut, c'est l'intrigue au-dessus de tout. L'intrigue au-dessus des liens entre les personnages, l'intrigue au-dessus de l'humanité qui pourrait découler de certaines scènes, l'intrigue qui remplace les lacunes de mise en scène, l'intrigue qui tente de nous faire oublier que Mélanie Laurent ne joue pas, elle minaude. Je ne souhaite pas des bases contemplatives à tous les coups, ce serait une routine bien monocorde, mais accordons-nous pour signaler que les films comme Boomerang devraient tous comporter une plus grande part d'affect.
Je ne veux pas prendre en grippe Mélanie Laurent (pas de la Comédie Française) comme j'ai pu le faire avec Léa Seydoux, mais à un moment donné il va falloir se poser de sérieuses questions sur le travail qu'elle fournit pour les rôles qu'elle entreprend. Car, si d'après moi elle ne manque pas de talent, le manque de rigueur transpire dans chacun de ses rôles, entre susurrements sporadiques et moues inexpressives, et tout laisse à penser qu'elle ne se donne pas à fond dans les personnages qu'elle incarne ou qu'elle n'arrive (toujours) pas à saisir la profondeur des femmes qu'elle joue. Si elle était effectivement tout à fait correcte dans Je vais bien ne t'en fais pas (sans être transcendante, c'est un peu le film "référence" quand on parle de Kad Merad ou de Mélanie Laurent, j'ai donc tendance à le "zapper"), c'était aussi parce que le rôle de jeune femme totalement refermée sur elle-même et coupée du monde lui collait à la peau. Exactement comme Léa Seydoux dans La vie d'Adèle, ce qui tend à nous faire "croire" qu'elles peuvent être (extrêmement) compétentes. Si je déteste me vautrer dans de la rhétorique à deux sous pour dézinguer tel ou tel acteur, je suis bien contraint de constater que l'actrice principale de Boomerang stagne, voire même régresse depuis quelques années. Un manque d'investissement, assimilé souvent à un manque de charisme et d'authenticité, qui broie le capital sympathie de ses personnages et de ceux qui gravitent autour d'elle. J'aimerais beaucoup l'apprécier, lui donner du crédit et la voir s'épanouir. Non seulement je n'y arrive pas, mais je ressens même parfois comme une gêne en la voyant décrocher.
Laurent Lafitte, que j'ai pu critiquer par le passé dans des œuvres comme Papa ou maman ou Elle l'adore, montre une palette un peu plus convaincante et élaborée de ses talents d'acteur, même si son rôle écrit avec les pieds le prive d'une prestation plus élogieuse. Si il reste très souvent dans un acting scolaire et consensuel (il n'est jamais aussi bon que lorsqu'il joue le désabusé ou l'énervé), il est dans Boomerang la pièce maîtresse et sans doute celui qui tient, à lui tout seul, la baraque entière. Au-delà des nombreuses scènes silencieuses auxquelles viennent se greffer des mélodies extradiégétiques au piano, moments très appréciés pour ma part, grand fou naïf et romantique que je suis, la réalisation est terne et presque dépassée. Dans ce thriller/drame familial, François Favrat adapte au cinéma, avec toutes les difficultés que cela comporte, une histoire rocambolesque, où l'image de la mère, écornée, se noie dans un océan de pirouettes sans saveur dans une dynamique de thriller surfait. Si Boomerang paraît très long au départ (et à la fin), il entre de suite dans le vif du sujet et ne laisse pas le temps au spectateur de s'attacher aux différents personnages. Ainsi, les thèmes abordés (famille recomposée, homosexualité, les secrets dans l'univers familial surtout) sont balayés d'un revers de main pour laisser place à "l'action", comme dans une saga de lété sur TF1. Et c'est une déception, même si je n'en attendais rien, de voir autant de grossièretés dans un film au sujet si entier, si important.
Je regrette énormément le manque total d'ascendant sur le film de l'acteur qui joue le père, Wladimir Yordanoff, bloqué par ses propres limites et par son personnage bien fade par rapport à ce qu'il aurait dû être. Dans A perdre la raison, l'emprise du personnage de Niels Arestrup est tellement grandiose et saisissante que la pression qu'il exerce sur l'ensemble de la famille transparaît dans chacune de ses apparitions. Ici, même si le père tient tête au fils et qu'il en devient la principale attraction de Boomerang, le résultat est faiblard par rapport au potentiel. Je ne vous conseille pas Boomerang, même si la prestation de Laurent Lafitte (de la Comédie Française) est à stabiloter.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. », Si tu étais allé à l'école de la vie comme Léa Seydoux, le film aurait duré vingt minutes. Mais il faut toujours que tu n'en fasses qu'à ta tête., Je voulais faire rimer 2015 avec un mot en inze mais il n'y a que quinze donc du coup ça n'a aucun sens, sinon c'est une liste sur mes films vus cette année. - 365 films vus, Escapade avec des films français des années 2010, sans Kad Merad, Dany Boon, Franck Dubosc ou Michèle Laroque autant dire que c'est un parcours du combattant. et Carte UGC illimitée.
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le 28 sept. 2015
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