14 ans après le film qui le fit exploser en France Sacha Baron Cohen retrouve son personnage emblématique de journaliste de glorieuse nation kazakh avec Borat 2 dont le titre entier suffit presque à remplir une critique. Si le personnage perd son fidèle compagnon Azamat Bagatov , l'acteur lui perd le réalisateur Larry Charles remplacé ici par Jason Woliner (réalisateur de plusieurs épisodes de la série What We Do In the Shadow) . Borat revient donc accompagnée de sa fille pour secouer l'Amérique de Trump et révéler de sa candeur provocatrice les démons de la première puissance mondiale.
On retrouve Borat alors qu'il est devenu en paria croupissant en prison pour avoir humilié le Kazakhstan . Le gouvernement lui offre toutefois une occasion de se ressaisir en le renvoyant aux USA avec pour mission d'offrir un cadeau à l'administration Trump. Borat se retrouve embarqué aux Etats-Unis avec sa propre fille qu'il décide en toute logique d'offrir à Mike Pence ou Rudolph Giuliani.
C'est presque inévitablement que se second Borat se situe un poil en dessous de son génial prédécesseur ne bénéficiant plus du même effet de surprise au point que Sacha Baron Cohen se fait régulièrement reconnaître dans la rue dans les premiers instants du film. Le film mélange toujours une trame fictionnelle avec des moments de caméra cachée permettant de piéger et révéler quelques vérités bien plus atroces que toutes les provocations et débordements de Borat lui même. Toujours aussi abrutit, mysorine et antisémite Borat se lance ici dans une visite assez effrayante de l'Amérique de Donald Trump tout en faisant finalement le plaidoyer pour l'émancipation des femmes à travers sa relation avec sa fille. On pourras sans doute trouver que dans le fond sous couvert de provocation Sacha Baron Cohen fait preuve finalement d'une certaine forme de conformisme en s'attaquant à Trump et livrant un message post MeToo mais l'acteur sait encore se faire féroce en titillant quelques sujets des plus délicats. Borat 2 est un film extrêmement militant et c'est ce qui fait à la fois sa force et toute sa faiblesse. En s'attaquant frontalement à l'Amérique de Trump jusqu'à encourager les gens à voter ou à mourir, Sacha Baron Cohen prend le risque du film pamphlet caricaturale orienté et bidouillé et donc très facilement contestable. En tout cas Sacha Borat Cohen nous offre une nouvelle fois une comédie qui ne recule devant aucune outrances à l'image de l'hallucinante scène du bal des débutantes , ou lorsque qu'il se pointe dans une synagogue déguisé comme la plus exubérante caricature possible de juif. Même si cette suite n'offre pas la même déflagration comique que le premier, il reste un savoureux moment pour les amateurs d'humour trash, bête et méchant.
Tout comme dans le premier film le personnage de Borat et ses pitreries vont servir de révélateur à une réalité assez glaçante et qui parfois va nous faire grincer les dents. Bienvenue donc dans l'Amérique de Trump ou
on s'offusque plus d'avorter une gamine de quinze que de savoir que c'est son propre père qui l'a mise enceinte, on approuve d'un salut nazi l'idée de mettre les scientifiques dans des chambres à gaz , on croit que Hillary Clinton boit le sang des enfants, on peut faire dessiner des messages antisémites sur un gâteau et ou un homme politique s'offrirait bien une gamine mineure dans une chambre d'hôtel entre deux interviews.
Plus ouvertement militant et moins originale ce second volet de Borat est un peu décevant mais pour sa charge salutaire et son humour décapant il reste une valeur sûre de 2020. Gloire soit donc rendu à glorieuse nation Kazakhstan et son 4ème meilleur journaliste.