Quelle belle accueil !

Au commencement tout est beau. Ils s'aiment, se sourient, s'envolent pour une nouvelle vie, un nouveau départ aux États-Unis.

Diego (Alberto Ammann) et Elena (Bruna Cusi), qui décollent de Barcelone pour l'aéroport International de Newark (New Jersey), arrivent à la douane, et là tout déraille. Une vérification de contrôle, un mélange de confusion et d'angoisse qui progressivement s'installe. Mais qu'ont-ils fait ?

Les événements historiques de ce pays, leurs politiques d'immigration stricte, poussent à des suspicions, des méthodes qui questionnent.

Ainsi, ce film joue intelligemment avec les attentes du public, créant une situation dans laquelle l'idée du creuset culturel américain est sévèrement remise en question.

Et puis l'agent Vasquez (Laura Gomez) débarque, elle est toutes ces questions : pourquoi avoir choisi les États-Unis ?

Pourquoi vouloir vivre ici ?

S'aiment ils ?

Tout devient tendu, le stress aussi. Ils comprennent très vite alors qu'ils ne sont pas les bienvenus, et qu'il va falloir coopérer, avouer leur histoire très personnelle, qui deviendra un exercice d'endurance. Dans cette salle qui bientôt prendra des allures de chambre de torture, avec des changements occasionnels de son et d'éclairage.

Se présente un deuxième agent, encore plus sympa, l'officier Barrett (Ben Temple), l'affaire se corse, les questions aussi. La situation devient très anxiogène. Avec cette caméra, et ces plans rapprochés, offrant une vue saisissante des émotions désespérément changeantes de nos personnages.

Des actes et des questions qui finissent par devenir cruelles, une manière de les faire craquer, de dévoiler des secrets enfouis, afin de tester leur amour, la confiance qu'ils ont l'un pour l'autre, la vérité sur ce voyage.

À présent, Diego et Elena donnent l'impression de n'être plus que deux simples objets qu'on aurait séparés, qui ne pensent plus, ne savent plus, un choc bien trop grand. Ce nouveau départ qui les rend coupables, un passé qu' elle découvre, Diego qui hésite, Elena qui s'éloigne, le rêve était trop beau.

Deux voyageurs épris d'errance, qui regrettent d'avoir osé caresser cet horizon lointain, si désolés, n'espèrent plus qu'une seule chose : rentrer chez eux, sains et saufs. L 'Amérique fut cette salle d'interrogatoire, où leur destin s'est écrit en questions, un avenir qui s'est confronté au hasard de cette chambre inhospitalière. Ils n'avaient pourtant rien fait, juste espérer vivre quelque chose ensemble, dans un pays qui s'appelle l'Amérique.

Les réalisateurs, Alejandro Rojas et Juan Sebastian Vasquez, ont su concevoir un film captivant et serré, avec de nombreux commentaires sociaux sur l'idée préconçue des immigrants, qui essaient par tous les moyens d'entrer aux États-Unis. Ainsi, malgré la courte durée de Border Line, il n'empêche pas chaque situation d'être toujours aussi énervante, et surtout de vouloir connaître la fin.