Qui est Borgman ? C'est à coup sûr une allégorie de quelque chose, quelque chose qui va mal dans cette famille bourgeoise bien rangée, riche avec des enfants propres sur eux vivant dans une maison magnifique. On le sent dès le début, le mari est violent et la femme cauchemarde à l'idée de se faire battre. Mais qui est Borgman, ça, ça restera un mystère tout au long du film. Pourquoi ? Parce que selon la thèse existentialiste de Sartre, dans ce monde, on joue un rôle. D'ailleurs Borgman lui-même répétera qu'il aime jouer, et quand il joue au jardinier, il est jardinier, et rien d'autre. Le jardinier n'est alors plus un costume pour mieux s'infiltrer dans cette famille.
C'est d'ailleurs l’ingéniosité d'Alex Van Warmerdam de ne pas trop jouer sur la métaphore (ce qui aurait été un peu lourdingue) et de laisser planer le mystère sur son personnage qui fait de son film une jolie réussite. Borgman est le moyen pour lui de montrer l'étendu de son talent de metteur en scène. Van Warmerdam utilise tout l'espace et les moindres recoins de cette grande maison bourgeoise pour imposer sa mise en scène. Ainsi le spectateur voit des choses que ne voient pas les personnages.
Borgman est une sorte de Boudu moderne, avec toute la complexité qui va avec nos manières de vivre. Une sorte de film sorti de nulle part, qui soulève beaucoup d'interrogations et qui se préserve d'en répondre au moins possible. Un film qui ne ressemble à aucun autre qui révèle un cinéaste dont l'originalité fait du bien au cinéma.
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