Des Doors par Olivier Stone à Walk the Line sur la vie de Johnny Cash par James Mangold, les biopics consacrés à de célèbres musiciens sont légion. Cloclo, Gainsbourg Vie Héroïque ou Love and Mercy sont d’excellents exemples montrant que la plupart des légendes de la musique contemporaine ont eu des vies tumultueuses. Personne ne s’était encore intéressé à celle pourtant bien rock and roll (pour un jazzman) de Chet Baker.


Born to be blue est un biopic romancé, ou un film inspiré de, qui raconte un pan de la vie du chanteur et trompettiste de jazz Chet Baker à la fin des années 60. Alors qu’il sort d’un bowling avec la jeune Jane, il se fait casser la gueule par son dealer. Littéralement puisqu’il y laisse la machoire et une partie de sa dentition, ce qui va l’empêcher de jouer. On va donc découvrir comment le musicien a remonté la pente pour redevenir la légende qu’il était.


Le film s’ouvre de manière brutale : d’abord sur une scène montrant Chet en prison (il en a notamment fait en Europe pour des histoires de drogue) pour basculer ensuite sur une autre montrant le musicien en noir et blanc face à une jeune fille dans une chambre, suite à un concert. On va alors découvrir que cette seconde séquence, à la limite de la caricature, est en réalité un film dans un film, dans lequel Baker joue « son propre rôle ». L’aspect meta est abrupt et le spectateur décontenancé mais l’enchainement permet de caractériser le personnage et de ressentir pour lui au moins de l’empathie. Le réalisateur également scénariste Robert Budreau peut alors nous plonger au coeur de son histoire.


Les biopics de musiciens ont souvent tendance à trop en montrer, évoquant les débuts, la chute et éventuellement la remontée. Ici, Budreau préfère se focaliser sur une partie bien précise de la légende, où le héros s’effondre dès les premières minutes du film pour mieux nous permettre d’apprécier son retour des enfers. Qui plus est, il ponctue son récit d’autres scènes en noir et blanc issues « du film » que Baker aurait tourné sur sa vie pour donner un petit coté « fantasme » à l’ensemble et nous montrer d’autres moments de sa vie. Le principe est efficace, dommage que Budreau finisse par l’oublier pour retrouver une structure des plus classiques par la suite.


Ne boudons pas pour autant notre plaisir, d’autant qu’Ethan Hawke livre avec Born to Be Blue une de ses plus impressionnantes prestations. Le comédien a d’ailleurs pris des cours de trompette et a calé son jeu sur celui du trompettiste contemporain Kevin Turcotte (qui le double musicalement) pour donner l’impression qu’il est vraiment Chet Baker. Budreau s’offre, lui, quelques très jolis moments de mise en scène dont une séquence où le musicien quitte la lumière pour s’enfoncer dans un sombre tunnel ou encore le morceau final, sublimement mis en lumière par la photographie de Steve Cosens. Et on soulignera la performance toute en douceur de Carmen Ejogo, vue dans les Animaux Fantastiques, dont le personnage est un mélange de plusieurs conquêtes de la vie de Baker.


Biopic qui se cherche à se démarquer dans sa construction pour ensuite malheureusement y revenir, Born to Be Blue n’en a pas moins une jolie réussite portée porté par un casting haut en couleurs et une bande-son évidemment légendaire.


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le 17 janv. 2017

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