De tête à tête
John McNaughton a beau avoir figuré parmi les "Masters of horror" de la série éponyme, il est loin d’avoir eu une filmographie marquante, si on excepte son premier long-métrage de 1986, "Henry...
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le 1 mars 2017
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John McNaughton a beau avoir figuré parmi les "Masters of horror" de la série éponyme, il est loin d’avoir eu une filmographie marquante, si on excepte son premier long-métrage de 1986, "Henry portrait d’un serial killer", qui est sûrement la représentation la plus réaliste d’un tueur en série qu’on ait eu au cinéma.
Cinq ans plus tard, il a sorti un film bien plus obscur, mais dont le titre français me fait rêver depuis des années : "Borrower, le voleur de tête". C’est la lecture du résumé sur SensCritique dernièrement qui m’a motivé à voir le film : « Après avoir commis un terrible crime, un extraterrestre est envoyé sur la terre et forcé à vivre sous une apparence humaine. Petit problème, une fois arrivé sur Terre, sa tête explose. Seule solution, voler celles des terriens ! »
J’espérais un délire dans la même veine que Hidden, de Jack Sholder.
Un alien criminel est condamné à une peine pire que l’exécution : il est dévolué, de sorte à devenir un être humain, et banni sur la planète Terre. Mais le processus de transformation étant imparfait, le corps reprend parfois une apparence extra-terrestre, et la tête explose. Le voyageur stellaire récupère donc celle du premier venu, sans qu’on ne voie jamais l’opération en détail, malheureusement.
Mais alors qu’on le décrivait au début comme un tueur insatiable, l’alien reste longtemps sans rien faire, alors que ce ne sont pas les occasions qui manquent ; et lorsqu’il fait des victimes, c’est uniquement par nécessité, pour se trouver une tête.
Je ne comprends pas pourquoi le reste du temps il se contente de déambuler dans la ville ; il y a ce passage qui dure des plombes, comme si c’était un gag suffisamment drôle pour être étiré à ce point, le simple fait de montrer ce type avec des lunettes de femmes et du sang sur sa chemise, marcher dans la rue.
Il ne se passe pratiquement rien pendant tout le film, et le délire ne va jamais bien loin. L’alien découvre les habitudes humaines, mais il n’y a aucun gag original par rapport à ça, et même pour ce qui est du changement de têtes, il n’y a qu’une fois où cela donne une situation amusante. Jamais le tueur ne rencontre quelqu’un qui connaissait la personne à qui il a pris la tête, ou alors est confronté au regard des autres après avoir volé la tête d’une femme… que des opportunités manquées.
Borrower reste trop sur ses acquis, que ce soit le caractère cocasse du pitch de départ, ou le premier meurtre, sur les conséquences duquel le film traîne pendant trop longtemps. Alors qu’il n’y a encore qu’un seul mort, on revient plusieurs fois sur les enquêteurs, pour des scènes complètement dénuées d’intérêt : une où ils interrogent le témoin qui nous raconte en détail une scène à laquelle on a assisté, une à la morgue où on nous dit que la tête de la victime a été dévissée, … ça n’apporte absolument rien et ça n’est même pas drôle.
Au final, l’enquête des flics ne sert à rien, si ce n’est pour le final, et la sous-intrigue avec le violeur qui en veut à l’un des policiers n’est pas terrible non plus.
En plus de ça, le rythme est vraiment mou, et il manque un habillage sonore ou de la musique pour compenser l’étrange lenteur du montage. La BO n’est pas si mauvaise (quoique pas marquante), mais elle s’accorde mal à ce qui se passe à l’écran, il arrive qu’il n’y ait aucun changement de musique entre un moment où il ne se passe rien et une attaque de l’alien.
Il n’y a pas d’ambiance, et les doubleurs pas motivés n’aident pas trop.
J’ai regardé le film en VF parce que je m’attendais à ce que ce soit plus drôle ainsi, mais non, et les dialogues qui essayent d’être drôles tombent à plat.
Les seules choses un peu amusantes, ce sont le costume de l’alien au début et les maquillages des transformations, mais Borrower s’appuie beaucoup trop sur les coupes du montage pour faire passer des trucages faiblards, en particulier dans la scène d’attaque du chien où les plans durent moins de 2 secondes.
Même la fin est foireuse, on nous la présente comme s’il s’agissait d’un twist ending alors que ce qui arrive est tout à fait logique et prévisible.
C’était complètement chiant. L’affiche, le titre et le résumé sont plus divertissants que le film.
Créée
le 1 mars 2017
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