Simple harceleur de rue au talent certain, Snoop Dogg est soudainement désigné par les oracles comme le nouvel héritier du pimp-business. Le roi des macs se penche alors sur son berceau pour lui révéler la mystique du proxénétisme. Une ascension fulgurante attend cet adepte de la valeur travail (enfin, surtout celui de ses gagneuses), version productivisme intensif, mais sa disruptivité - il préfère l'emprise émotionnelle au tabassage à la barre à mine de ses michetonneuses - risque de lui créer quelques soucis, surtout s'il transgresse une règle suprême du code des pimps : ne pas tomber amoureux de sa pute. Oui, je reprends ce terme injurieux prononcé non-stop (65 fois selon les exégètes du film), avec force labiale et plein de postillons, car c'est un peu le fondement de Boss'n'up, guide du proxénétisme conquérant.
Le film est indéniablement nanar par son côté constamment wtf (et le cabotinage stratosphérique de Orange Juice, le roi des pimps) mais il est tout autant problématique dans sa vision heureuse de l'exploitation des femmes, ces dernières étant montrées comme pleinement épanouies dans leur activité professionnelle. Sidérant d'absence de discours sur la prostitution ou d'un quelconque second degré malgré ses excès bling-bling, Boss'n'up est une relecture d'un monde où me-too n'existera jamais, selon le dogme du virilisme alpha misogyne et sappé n'importe comment. Un nanar à ranger dans la catégorie du malaise, quelque part du côté de T'aime et de Brigade Anti-Sex ; pour public averti, donc.