Il faut un sacré talent pour raconter une histoire un peu dérangeante avec des personnages en marge et ne pas la noyer dans une ambiance trop glauque. Quand les réalisateurs y arrivent ils font de petites merveilles de légèreté et de finesse qui savent émouvoir et faire réfléchir (la merditude des choses de Felix Van Groeningen, ou une bonne partie de la filmo de Ken Loach par exemple), et quand ils se plantent on a des films qui se coupent complètement du public, ne réussissant jamais à trouver le juste milieu entre réalisme social et comédie de mœurs, cocktail indispensable pour amener l'empathie du public. "Bouboule" fait partie de cette deuxième catégorie, ratant son objectif, ne parvenant jamais à faire ressentir la moindre émotion positive malgré un personnage (et jeune acteur) doux comme un agneau, perdu dans un monde où seul son poids semble le définir en tant que personne aux yeux des autres, souffrant de ce regard à un âge où on cherche à la fois une figure paternelle, un modèle, et où on essaye de se construire en tant qu'individu à part entière. Le scénario se perd un peu dans son intrigue secondaire (finalement le surpoids passe au deuxième plan, la quête du père devenant le sujet central) et peine à trouver une ligne directrice, le ressenti du garçon n'étant jamais clairement défini et mis en avant. Bref, l'intention était bonne, mais au final le film est ennuyeux et trop glauque pour emporter une quelconque adhésion.