Dans l'ouest de l'Amérique, une bande de copines va faire la fête dans un bar. Un homme les a suivi et il s'appelle Stuntman Mike...
Tarantino signe avec "Boulevard de la Mort" son film le plus léger mais l'un de ses plus singuliers depuis "Jackie Brown".
Le cinéaste signe là son petit film, sa petite récréation de plaisir et pleine de charme. Tarantino joue sur l'attente, sur la lenteur du scénario. Les scènes sont longues, très longues mais les dialogues chez Tarantino sont souvent couverts de grand n'importe quoi plein de références et jamais aussi jouissif que quand ils sont déblatérés par une galerie de personnages un peu zinzins et pas très communs, mais terriblement charismatiques. C'est d'ailleurs de ça que le film tire toute sa force. En ne filmant rien de spectaculaire dans sa première partie, avec un peu plus de mordant dans la seconde, Tarantino joue dans l'exercice de style. Oui, "Boulevard de la Mort" se démarque en deux parties bien distinctes. Un peu comme "Pulp Fiction". La première, de nuit en partie, introduit les personnages, le tueur et les victimes. À la moitié du film, le tueur réussit son coup et le ton est donné. La scène de collision est une réussite totale de mise en scène. Mais on en sait encore peu sur le bonhomme à la voiture noire. Et dans la deuxième partie, tout s'inverse. Le tueur révèle ses faiblesses, merveilleux Kurt Russel dans son meilleur rôle depuis longtemps. Les filles prennent le pouvoir. Le contraste entre les deux parties du film n'est pas énorme mais la transition qui relie les deux chapitres du film peut parofis dérouter. Le quatuor féminin de la nuit aurait très bien pu s'occuper du tueur s'il avait fait jour. La nuit les a tuer. Le jour, c'est le second quatuor qui venge involontairement le premier.
Le formidable casting féminin est pour beaucoup dans la réussite du film. Tout comme l'immense Kurt tueur. A partir de là, Tarantino impose un contraste entre les personnages. Lesquels aimer le plus ? L'immonde tueur sexuellement frustré pourtant bourré d'empathie ? La girls team qu'on ne doit pas faire chier ? À la fin, Kurt Russel a tellement bien joué son rôle et lui a apporté une telle ambiguité dans la cadre d'une oeuvre relativement mineure qu'on regrette carrément que Stuntman Mike se fasse tabassé à mort. Cette scène d'impuissance est majestueuse et grande de sens. Les apparences sont trompeuses.
Si "Boulevard de la Mort" reste en-dessous de ce qu'a fait le metteur en scène jusqu'à maintenant, il reste un très très bon moment, jouissif au possible, et carrément imbibé de touche Tarantinesque toujours aussi immersive et pensée pour le spectateur. Tout en étant assez formidable dans son écriture et son rythme admirablement bien géré, "Boulevard de la Mort" est peut-être le moins bon film de son auteur car le moins marquant et sans grand impact post-visionnage. Ce qui n'empêche en rien de prendre son pied comme jamais au par ailleurs du cinéma de Tarantino, et d'avoir l'impression d'avoir assisté une fois de plus à un film parfaitement abouti comme tous les autres films de son auteur et qui s'adresse une fois de plus au public d'une façon presque familiale de la part d'un cinéaste qui semble toujours être auprès du spectateur et l'écouter avec une attention communicative. Respect.
martinlesteven
8
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Créée

le 27 juil. 2012

Modifiée

le 21 janv. 2013

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Marty Lost'evon

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