Death Proof, mais pas Boredom Proof.
Je ne sais vraiment pas comment j'ai pu tenir tout le long de ce Death Proof, surtout en le regardant juste avant de dormir. Au moins, il m'a assuré une nuit sans insomnies ou quoi que ce soit d'autre. C'est sûrement le badge à la clé (celui d'avoir vu 5 films de Tarantino) qui m'a motivé, je sais pas. Enfin j'exagère sûrement un peu, il y avait des trucs vachement bien dans ce Boulevard de la mort, malgré l'ennui général qu'il m'a procuré.
Parce que oui, je me suis ennuyé devant Death Proof. Énormément. Il y a plus de longueurs qu'autre chose, le film durant bien trop longtemps (environ 90 minutes de trop sur les 110 minutes totales, soit la majorité du film). Death Proof, c'est l'histoire de deux bandes de quatre pétasses qui vont, chacune à leur tour, discuter pendant des minutes semblant être des années sans savoir qu'elles sont stalkées par un ancien cascadeur, Stuntman Mike, et sa voiture "death proof" qui donnera le nom au film. Bien sûr, ce dernier est un pervers psychopathe et fétichiste des doigts de pied (fétichisme directement hérité de Tarantino d'ailleurs, je comprendrais jamais toutes ces scènes où l'on voit des doigts de pied pendant une dizaine de minutes) qui a décidé d'utiliser sa belle voiture pour faire des filles de la viande hachée. Le film se compose donc de deux parties plus ou moins égales au niveau du temps, chacune narrant l'histoire de l'une des bandes de pétasses (j'aime bien le mot "pétasse" et je trouve qu'il correspond bien aux personnages, donc attendez-vous à le voir un peu partout dans cette critique) jusqu'à la rencontre avec le fameux cascadeur. Les deux parties suivent exactement le même schéma : quatre pétasses jacassent ensemble pendant une bonne quarantaine de minutes pour chacun des deux groupes puis a lieu une course-poursuite avec le cascadeur pendant ce qu'il reste du film.
La première partie, sans être exceptionnelle, passe encore. On y voit des doigts de pied, des culs, des culs, des pétasses qui se racontent leur vie, des culs, des pétasses qui fument, des culs des pétasses qui boivent et des doigts de pied. Stuntman Mike, seul personnage du film à puer la classe plutôt que l'alcool, décroche la plupart des meilleures répliques du film, notamment lorsque Pam est impliquée (quel nom de merde quand même). Et puis il y a quand même Butterfly, je fais une fixation sur Butterfly : Butterfly et ses grosses joues, Butterfly et son accent magnifique, Butterfly et son nom génial (même si en fait elle s'appelle pas comme ça, donc c'est nul), Butterfly, Butterfly, Butterfly. C'est aussi la seule de toutes les pétasses que je n'ai pas trouvé insupportable au possible, parce que les autres c'est pétasse, pétasse et pétasse. Bref, elles parlent pendant quarante minutes, ça passe parce qu'elles sont bonnes (Butterfly, Butterfly, Butterfly !) même si on se fait un peu chier, et puis soudainement une scène super classe arrive de nulle part alors qu'on commençait à vraiment s'endormir. Les répliques géniales fusent (celles de Mike au démarrage de la voiture sont sûrement mes préférées du film), la course-poursuite - qui n'en est pas tellement une vu que la bande de pétasses ne se doute pas de ce qui arrive - se fait et, enfin, le choc entre les deux voitures est putain de classe grâce à ses ralentis et la démembration, bien évidemment. J'aime beaucoup la musique aussi, la bande-son du film étant plutôt cool dans l'ensemble sans non plus faire jouir les tympans. Servant de transition entre les deux parties du film, une discussion entre deux policiers qui, sans être géniale non plus, est sympathique et plus intéressante que ce qui a précédé (sans compter la scène du crash des deux voitures, bien sûr).
Et puis vient la seconde partie du film, la seconde bande de pétasses. Si je devais décrire cette deuxième partie en quatre mots, je dirais calvaire, supplice et torture. En gros, c'est à peu près la même chose que les quarante premières minutes à la différence que tous les trucs cool ont été retirés : les répliques classes balancées par Stuntman Mike (et sa classe naturelle, en fait), Butterfly, le grand nombre de plans faits sur les culs et c'est à peu près tout, parce que y'avait pas tant de choses bien dans ces premières quarante minutes. Pour couronner le tout, il y a encore plus de temps passé sur les doigts de pied, dont une scène très bizarre où le méchant cascadeur lèche ses doigts avant de les passer sur les doigts de pied d'une des pétasses de la seconde bande. Et puis, on a déjà subi la même chose pendant la première moitié du film, donc se re-taper la même chose, c'est ennuyant à se tirer une balle. Je crois d'ailleurs que j'ai loupé quelques dialogues dans ma somnolence.
Et puis vient la fin, fantastique en tout point. Tarantino commence comme talentueux, et ça se voit. Les plans sont magnifiques, la course-poursuite est palpitante, les répliques sont classes et l'inversion des forces est plutôt sympathique, même si prévisible à des kilomètres à la ronde et un peu exagérée dans le fait qu'un psychopathe prêt à faire un tour à l'hôpital pour tuer quelques pétasses se transforme en chouineuse suppliant pour qu'on le laisse vivre. Ça reste putain de classe et putain de jouissif, donnant une bonne impression finale faisant presque oublier les 90-100 minutes à se faire chier juste avant. Mais en fait non, une fois le film fini sur une musique super cool, on se rend compte qu'on a perdu plus d'une heure de notre vie à regarder des pétasses parler alors qu'on peut faire la même chose dans la vraie vie, à la différence qu'on peut les insulter.