Un moment jubilatoire et sans complexe comme je les aime, ni plus, ni moins. L'ensemble est un poil lisse mais tellement généreux qu'on lui concède toutes ses faiblesses pour s'accrocher à son fond de commerce, fait de headshots généreux et de tripailles en apesanteur. Se sent en permanence à l'écran le budget riquiqui, notamment dans le côté parfois très grossier de certains effets spéciaux, mais c'est toujours amené avec un tel sens du spectacle et une envie non contenue de faire plaisir que ça passe tout seul.
Bounty Killer est le genre de petite bobine atypiques qui fait plaisir parce qu'elle ne se travestit pas pour s'assurer une large audience. Il est bien clair que l'adaptation de Henry Saine d'un de ses courts au format long va en laisser une bonne palanquée sur le bas côté, qu'il se fera taxer de gros nanar inutile et qu'il contribuera une nouvelle fois à classer ses défenseurs dans la catégorie des irrécupérables. Et pourtant, elle est, à mon sens, l'illustration parfaite de cette spontanéité qui fait la force des péloches bisseuses. Les acteurs semblent tous prendre un pied monumental à jouer pour le salle gosse qui les commande. En ressort une liberté de ton totale qui permet à Henry Saine de passer de la farce burlesque au gunfight gore à souhait dans le même temps. De quoi désarçonner les plus pragmatiques.
Bounty Killer est un film sans autre prétention que celle d'offrir à son public, une parenthèse sous acide, entre deux productions balisées par des studios qui ne veulent plus prendre de risque. Il est la preuve qu'il existe encore des petits gars qui font du cinoche parce que c'est leur passion et parce qu'ils ont envie de faire plaisir. Et bien moi, quand je tombe sur ce genre de péloche nerveuse, qu'elle ne soit pas complètement maîtrisée, qu'elle se laisse aller dans l'exagération la plus totale, qu'elle se permette même des effets spéciaux limites parce que son budget ne permettait pas de bien les réaliser, ça ne me dérange pas, bien au contraire. Ça me fait sourire et ça m'emporte jusqu'au bout, en me rappelant que même si j'aime me faire malmener par des films plus sérieux, j'ai toujours au fond de moi cette envie de me marrer sans retenue devant des bobines en roue libre. En bref, Bounty Killer est une récréation au gout de trop peu pour qui appréciera le trip proposé par Henry Saine. Pour les autres, par contre, il semblera être une perte de temps.
Une petite parenthèse, juste avant de conclure, c'est aussi dans ce genre de film que l'on retrouve des propositions graphiques originales. On imagine aisément l'entourage de henry Saine, peuplé d'amateurs d'images en tout genre, lesquels viennent filer un coup de main pour donner à son boulot de très chouettes ambiances, à l'image des maquillages très soignés qui ornent les visages des Gipsys.
Un chouette film, qui m'a détendu les zygomatiques, rien que pour ça, je n'ai pas envie de m'attarder sur ses évidents défauts.