Dans le futur, c’est pas la joie. Devenues gigantesques les multinationales se sont battues entre elles, à grand coups de canons plutôt que de stock-options, dévastant le monde. L’équilibre précaire du calme après la tempête est assurée par le conseil des neuf. Ceux-ci désignent les coupables de cette situation, les dirigeants de l’ancien monde, à charge pour les Bounty killers d’aller chercher leurs têtes et les primes qui vont avec. Ces chasseurs de cravates sont les nouvelles célébrités, adulées, respectées. Mais quand l’un d’entre eux, Drifter (Matthew Mardsen), est désigné par le conseil, il va s’enfuir, accompagné de son nouveau porte-armes (Barak Hardley), pourchassé par la belle, dangereuse, mais amie fragile, Mary Death (Christian Pitre).
En 1979, Mad Max optait pour le pétrole comme responsable de la chute de notre civilisation. Bounty Killer opte pour la crise financière. Si Bounty Killer est très influencé par Mad Max, le film arrive à se distinguer sur plusieurs points, notamment sa critique sociale, bien plus forte, pour hérisser le poil des défenseurs du capitalisme. Tous deux utilisent néanmoins un cadre post-apocalyptique très sablonné comme décor, composé des ruines de la civilisation. Bounty Killer propose une société plus avancée, encore fragile, menacée mais existante mais aussi plus vindicative, encore dans la vengeance.
C’est tout le rôle attribué aux Bounty Killers, celui d’aller chercher les coupables là où ils se cachent. Leur notoriété vient de leur statut de justicier, ils apportent de la paix sociale. Mais cet équilibre est fragile, comme le démontre Drifter, qui passe du chasseur à la proie, et Mary Death, dont les sentiments interfèrent avec la satisfaction qu’elle a de faire ce métier. Si Matthew Mardsen est proche du héros Mad-max-ien, débrouillard mais taciturne, le film est construit sur la relation entre son personnage et celui jouée par Christian Pitre. Un jeu du chat et de la souris, une relation amoureuse tumultueuse, une complicité mais aussi une compétition. Mary Death est d’ailleurs un personnage qui détonne, ne serait-ce que par son allure, ses véhicules, un côté pop sans la sucrerie, mais aussi dans sa personnalité. Une présence féminine qui en impose, qui attire l’attention.
Bounty Killer est un concentré d’action, parfois un peu violente, avec sa petite touche d’humour. Il y a parfois cette impression d’assister à un Mad Max avec la sauce de Quentin Tarantino ou Robert Rodriguez. Le film ne manque pas d’imaginations visuelles, comme cette incroyable caravane des Gypsies, malgré un scénario sans grandes surprises, mais assez plaisant. Le film est d’ailleurs une longue course en avant, où la présence féminine éclipse le rôle titre, ce qui pourra rappeler Mad Max Fury Road, mais Bounty Killer est plus coloré et moins tendu.
Mad Max Fury Road est sorti en 2015, et Bounty Killer en 2013 a donc donné un très bon représentant du genre en attendant le retour de la franchise totémique. Le film est adapté d’un comic-book, ce qui se ressent légèrement, mais, surtout il a été tourné en une poignée de jours alors que le résultat final est assez propre. Une belle réussite, une belle surprise qui s'assume sans honte.