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Sur la forme, je dirai que le film est très efficace. Michael Moore sait tenir son public éveillé : beaucoup de bruits, des images choquantes, des trucs un peu faciles et attendus. Même un dessin animé assez marrant pour illustrer son propos.


C'est sur le fond qu'on peut s'insurger. Déjà, question écriture, Michael Moore opte pour des scènes un misérabilistes. Par exemple, exposer les deux survivants de Columbine dans le magasin qui a vendu les munitions, c'est plutôt pathétique. Il y a aussi la scène où Michael Moore se sert de la photo de la petite fille pour blesser Charlton Heston. Ce sont des séquences un peu faciles pour susciter l'émotion.


Le pire reste véritablement la démarche de Michael Moore qui finalement n'est pas plus subtile que celle du camp inverse : il impose ses vues, il n'hésite pas à tricher un peu sur la vérité et refuse le vrai débat avec ses adversaires. La confrontation avec Charlton Heston est par exemple une véritable humiliation pour l'acteur qui n'est certainement pas responsable directement de la mort de cette petite fille. C'est l'impression que donne Moore, pourtant.


Il y a aussi le problème d'être trop vaste. Moore cherche des raisons pour descendre l'Amérique et pour ça il va trop loin ; ainsi, alors qu'il aurait pu se contenter de couvrir l'événement de Columbine, le gros s'éparpille et passe son temps à nous montrer qu'au Canada on laisse sa porte ouverte... C'est sympa, oui, mais finalement toute cette comparaison sur la vie ailleurs n'est qu'un faible argument pour convaincre de la bêtise américaine. Il y a aussi cette histoire du gosse qui a tué un autre gosse. C'est choquant, c'est clair que ça attire l'audience, mais ça ne sert pas vraiment le propos. Ca aurait pu arriver n'importe où. Enfin je ne ressens pas de réelle conclusion à part que tout est bon pour lyncher l'Amérique (pas de couverture sociale, des millions d'armes vendues, émissions violentes, éloges de la peur). Moore aborde tellement de sujets et les traitent finalement tellement peu en profondeur que le film semble superficiel malgré la gravité du propos.


Par exemple tout l'épisode sur la peur ne mène à rien, ça ne repose sur rien de vraiment concret. On peut tous faire un montage des émissions de télé et insinuer que les médias jouent sur cette corde. Ce n'est pas que ce soit faux, mais c'est juste que la problématique de la violence va bien au delà de tout ça (émissions, jeux vidéos). D'ailleurs à plusieurs reprises les interviewés disent qu'on ne sait pas ce qui s'est passé, pourquoi les gosses ont commis ces crimes dans l'école. Et c'est tout ce qu'on peut en dire effectivement. On ne sait pas. On ne sait rien. Mais Michael Moore fait semblant qu'il y a une explication. Sauf que ce qu'il présente est aussi vaseux que les excuses du camp adverse.


Il n'y a donc rien à tirer du message? Si! Fort heureusement, Moore a interviewé quelques gens ayant un point de vue intelligent. Il aurait alors pu suivre plus intensément les pistes lancées par ceux ci, mais souvent il choisit la facilité. Ainsi, M. Manson répond aux questions avec pertinence. Il parle de la peur véhiculée par les médias, mais aussi de l'écoute qu'on n'a jamais apporté aux enfants de Columbine. Des deux pistes proposées, je pense que la seconde aurait été meilleure... mais Moore choisit le sensationnalisme et les théories scabreuses sur la peur. D'autres interviewés parlent de statistiques, de tolérance, émettent des points de vue intéressants, mais hélas rien n'est creusé, Moore veut juste faire du spectacle. Et même là où il essaie de choquer, il passe à côté du sujet. Cet homme qui s'exprime au début, qui dort avec un flingue sous l'oreiller, était un vrai bon sujet en soi. On aurait pu passer deux heures de film en sa compagnie et en apprendre bien plus sur les travers de l'Amérique que parmi toute la palette proposée.


Bref, Moore boufferait ses propres excréments s'il pensait que ça peut renforcer son propos. C'est pourtant stupide et futile. Mais au moins ça donne un show mémorable.

Fatpooper
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le 11 oct. 2012

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Fatpooper

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