La descendance de Saturne

Une sombre, très sombre histoire de prédateurs et de proies. La réalisation ne s'embarrasse pas d'analyse: elle montre, c'est tout. Elle montre Armand, un jeune homme ombrageux à la vie misérable, ainsi qu'en témoigne cette scène où raccompagnant des jeunes femmes à leur voiture afin de les abriter d'une pluie battante, celles-ci ne remarquent pas sa présence, le laissant seul sur ce parking trempé. Il replie son parapluie, indifférent au déluge qui va s'abattre sur lui, et se branle hargneusement contre une voiture. Sa frustration se mue en folie lors de cette scène choquante survenant dans la première demi-heure du film, troublante par sa violence crue, sa lenteur, son absence de basculement entre la passion et la froide exécution, puisque les deux temporalités ne connaîtront pas de rupture dans le ballet des corps: rite érotique puis danse de la mort.

Elle montre Guillaume, son frère aîné, qui s'abîme en enquêtant sur une série de féminicides sans voir ce qui se joue sous ses yeux.

L'ensemble est sombre, sordide, mais riche de références mythologiques et de figures allégoriques. Le rythme est lent, malaisant, poisseux.

C'est un film qui dérange. Et qui fonctionne.