Le péché originel
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Ce sont le synopsis mystérieux, l’affiche idoine et le succès critique qui m’ont amené à lancer le film. Que de vile tromperie dans ce monde.
Ils sont deux frangins. L’un est commissaire de police et l’autre est un gros teubé. Le premier va hériter du bowling du padre mais comme il ne veut pas s’en occuper, il en confie la gestion au frère teubé. Et bientôt, en ville, les cadavres de femmes s’accumulent.
On va pas y aller par quatre chemins, c’est mauvais. On commencera par l’interprétation en constant décalage. On ne sait pas bien si c’est une erreur de casting ou une mauvaise direction des acteurs mais tout semble faux, illogique, sans gradation. On pourra continuer avec des scènes de dialogues qui sont soit inutiles soit bidons soit les deux. Elles sont émaillées de poncifs très premier degré et de vérités toutes faites. En même temps, les personnages eux-même sont creux. Ils ne sont que des avatars à qui on n’a pas pris le temps de construire une personnalité et, pire, on ne prend jamais la peine de développer les rapports entre eux (les chasseurs et le commissaire ou ce même commissaire et sa nana). Du coup, tout arrive comme un cheveux sur la soupe. Et pourtant, paradoxalement, cette histoire est cousue de fils blancs et si c’est pour le suspens que vous en êtes arrivés là, vous en serez pour vos frais car c’est à chaque fois téléphoné. Et surtout, le propos est bête mais toujours moins que la manière de l’exposer. Pile dans l’air du temps, on nous propose un thriller qui pointe du doigt la masculinité toxique, la prédation comme attribut de l’homme. Soit. Pour illustrer tout ça finement on tient une galerie de caricatures avec un frustré adepte du féminicide, une bande de chasseurs beaufs et un commissaire colérique. Et en face ? On pourra résumer les personnages féminins presque absents à la copine du flic, militante écolo de son état. Or tout est surjoué, surligné, surchargé. La démarche qui se veut « d’auteur » s’appuie sur quelques tics du moment, divers clichés d’un cinéma branchouille à commencer par ces scènes de dialogues où on ne se parle pas (en oubliant que ça ne peux fonctionner qu’avec une interprétation solide). On enveloppe tout ça dans une bande son chic qui est supposée apporter toutes les émotions que la mise en scène ne parvient jamais à transcrire. Rien à voir donc ? Si, une première scène de meurtre réussie car glaçante de réalisme et des jolies lumières nocturnes (en journée, c’est Joséphine ange gardien). Sur deux heures, ça fait peu et on attend patiemment la fin.
En clair, si l’on enlève le sujet il ne reste rien ou tout juste un épisode un peu cringe de ce bon vieux commissaire Moulin. On tient donc là une version ratée de la fabuleuse Nuit du 12 qui sur un sujet proche parvient à croiser les pistes de réflexion plutôt que balancer l’évidence à la face d’un spectateur qu’on juge trop idiot pour comprendre des situations complexes.
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Créée
le 21 mai 2023
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