D’une certaine manière, L’Antre de la Folie occupe une place un peu spéciale dans la filmo de Carpenter. Il a quelque chose de différent et c’est ce qui m’a donné envie de le revoir. Un auteur à succès de romans d’horreur a disparu. Son éditeur missionne un enquêteur indépendant habitué des fraudes aux assurances. Accompagné par une assistante de la maison d’édition, celui-ci va se rendre là où sont supposés se passer les évènements de ses romans, un lieu qui n’existe pas en réalité. Mais bon, qu’est-ce que la réalité de nos jours ? En tout cas, sur place c’est pas la grosse ambiance. Différent disais-je donc. En effet, il y a ici comme un peu plus de réalisme qu’à l’accoutumée. C’est moi bariolé et moins grand-guignolesque que les films précédents. Un peu comme si l’obscurité poisseuse des années 1990 avait pénétré l’univers codifié de Carpenter. Du coup, on a du mal à retrouver ce qu’on aime chez lui. Disons qu’on y trouve autre chose. Entre cette espèce de Castle Rock bigarrée et le côté méta de l’écrivain qui crée la réalité à partir de la fiction qui vit dans sa tête, tout fait inévitablement penser à du Stephen King. Et sans être une adaptation d’un roman du King, le film est au final un des meilleurs reflets de son travail, bien meilleur que la plupart des métrages tirés très officiellement de ses romans. Autre point d’accroche, l’univers lovecraftien est très présent, surtout dans la matérialisation de l’horreur. Il y a de véritables très bons moments dans ce film, des scènes très fortes et visuellement très réussies. La tension fonctionne bien et ne perd jamais la ligne du récit dans le récit. On aimera particulièrement le sourire de Sam Neil, comme toujours. A la musique, c’est encore ce bon vieux John qui gère et quand on aime, on est aux anges. Le regret principal sera peut-être ce récit raconté en flash-back, technique scénaristique un peu grossière et surtout trop habituelle pour encore surprendre. En bref, c’est un bon thriller fantastique efficace mais il manque de mon point de vue la touche Carpenter qui aurait donné du charme à cet ensemble parfois terne.