Zach Braff est une figure marquante de la pop culture pour une bonne partie de sériephiles qui ont pu le découvrir dans l’incontournable sitcom Scrubs. Avec son faciès atypique et sa bonhomie communicative, il est devenu un visage attachant du petit écran, qui lui avait permis d’exploser en 2004 lorsqu’il avait réalisé son premier film, Garden State. Avec cette oeuvre générationnelle saisissante et d’une sincérité débordante, il a très vite acquis un statut culte et a été chéri par un grand nombre de cinéphiles. A tel point que l’attente de 10 ans entre ce premier long métrage et son second fut relativement longue. Wish I Was Here s’imposa comme une suite spirituelle à Garden State, mais le cinéma a évolué plus vite que Zach Braff et beaucoup n’y ont pas retrouvé la même pertinence. Non seulement le projet eu du mal à se monter, mais il n’a pas reçu le succès escompté malgré d’excellentes choses comme sa réflexion sur le temps, l’ambition et la famille. Pourtant, ce semi-échec n’a pas mis Braff dans une impasse qui verrait son ascension au cinéma compromise. Au contraire, moins de 3 ans après son précédent film, il se retrouve à la direction du remake de Going in Style, comédie des années 70 de Martin Brest, qui possède le même titre dans sa version originale mais re-titré en France par Braquage à l’ancienne.


Sur le papier, le projet n’a rien de vraiment excitant hormis son casting 5 étoiles et la présence de Braff derrière la caméra. On éprouve une certaine curiosité à savoir comment il s’en sortirait avec un film de pure commande et en découle donc une petite déception de voir qu’il ne transcende jamais ce qu’il a entre les mains. On retrouve cette direction d’acteurs purement braffienne, saupoudrée d’une touche de loufoque et une science respectueuse de la performance d’acteur qui traduit un vrai amour pour son casting. Ici, les performances ne sont clairement pas transcendantes mais on n’avait pas vu Michael Caine, Morgan Freeman et Alan Arkin aussi inspirés depuis un certain temps. Non seulement ce sont des rôles qui leur permettent de sortir de leurs récentes habitudes mais en plus ils semblent vraiment s’amuser et alimentent avec eux l’enthousiasme du spectateur. On retrouve aussi un Matt Dillon un peu trop caricatural et un Christopher Lloyd dans un rôle surprenant mais surtout Joey King, qui après être devenue une habituée du cinéma de Emmerich, semble trouver en Braff son deuxième réalisateur fétiche. Elle est ici légèrement en retrait mais apporte toujours son énergie communicative à ses scènes. Les acteurs donnent un peu de saveur à un récit en pilotage automatique, exploitant sans les réinventer les mécaniques du film de casse et apportant au tout des blagues plus ou moins inventives autour de la vieillesse. A ce niveau, il n’y a vraiment rien de nouveau sous le soleil et, hormis une scène de vol à l’étalage vraiment hilarante, le film ne surprendra jamais et, au mieux, nous fera sourire.


Pour la réalisation, Zach Braff n’est clairement pas des plus inspirés. L’ensemble est très bien tenu même si la photographie est un peu quelconque et que les musiques déçoivent – surtout quand on connait l’amour de Braff pour celles-ci. Ici, les compositions tombent souvent dans un pathos typique de ce genre de comédie US emplie de bons sentiments. Mais le montage se montre habile, Braff instaure un rythme plaisant et signe un film de casse très propre dans son genre. Il utilise les codes avec habilité et, à quelques rares instants, on retrouve son style pour l’humour visuel. Une rupture de ton cocasse entre deux plans, une transition inspirée dans l’enchaînement d’une scène, etc. On perçoit ici et là quelques petites fulgurances avec, par moments, une utilisation plutôt ludique du split screen. Ainsi, sans forcément s’imposer comme un grand avec une mise en scène somme toute convenue, le cinéaste prouve quand même avoir une certaine maîtrise de son art. Son talent créatif est peut-être ici sur off, mais il reste un réalisateur tout à fait solide.


À l’heure où il arrive en France, Going in Style est déjà couronné de succès. Même si c’est loin d’être un grand film, il s’impose comme une comédie plaisante avec laquelle occuper son dimanche soir. Aussi anecdotique puisse-t-il être, il demeure efficace et semble trouver son public. Going in Style s’est déjà remboursé et engendre pas mal de bénéfices au box office et devrait donc assurer à Zach Braff la possibilité de refaire, sans trop de contraintes, des films plus personnels. C’est au final la fonction première de cette oeuvre qui sonnait comme un passage obligé pour le cinéaste après la déception commerciale que fut Wish I Was Here. L’objectif est en partie rempli : faire passer un moment agréable avec un casting attachant à toute la famille. Ça fonctionne et tant pis si cela manque cruellement de génie et de personnalité.


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Frédéric_Perrinot
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le 5 mai 2017

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