Remake du film de 1979 de Martin Brest, ou comment trois vieillards décident de braquer une banque, «Braquage à l’ancienne» est réalisé par Zach Braff, considéré comme un artiste hors norme, qui signe pourtant ici un film de commande assez flemmard.
Après un certain nombre de films sur les braquages et leur déclinaison, titres compris, «Braquage à l’anglaise» ou «Braquage à l’italienne»...l’histoire prend la trame de la finance bancaire et de la crise de 2008 (tout comme l’original traitait, en filigrane, de la crise du pétrole de 1970), pour un braquage cette fois-ci à l’ancienne, entendre : mis en œuvre par un trio de septuagénaires et des complications qui vont avec, le rythme s’accordant avec le leur, malheureusement. La délocalisation au Viêt Nam de leur ancienne entreprise, ne leur permet plus aucun espoir. Nos trois amis, dépossédés, sur le déclin et n’ayant rien à perdre, décideront de s’en prendre directement à la banque responsable de leurs malheurs et s’attacheront les services d’un expert en braquage au grand cœur, Jésus (John Oritz).
A défaut d'avoir nos actrices en limite d'âge dans des métrages, on se rabat parfois avec plaisir sur nos acteurs sur le retour. La vieillesse leur sied parfaitement et sert également les producteurs qui s’appuient bien souvent sur des artistes reconnus pour appâter le public. On pense à Robert de Niro notamment qui excelle en ce moment dans des films mineurs, voire ratés.
Morgan Freeman, qui jouait déjà en 2007, dans le film «Sans plus attendre» le rôle d'un homme rattrapé par l'âge et la maladie et qui réalisera ses rêves avant qu’il ne soit trop tard, ici c'est un peu la même idée et confirme l’intérêt de la production, sans pour autant signer de grandes réussites.
A l’instar de Morgan Freeman et de son charisme, Michael Caine fait son travail, jouant de son physique froid et d’une certaine classe en chef de bande, mais nos acteurs seront encore une fois sous exploités, tout autant que le scénario qui en oublie l’action et les rebondissements pour un film de genre. Alan Arkin, Christopher Lloyd, et Ann-Margret apportent un certain charme et viennent compléter le casting en seconds rôles. Matt Dillon malheureusement aura un traitement excessif et Siobhan Fallon Hogan, n’aura pas la mise en valeur nécessaire pour être marquante et apporter un semblant de profondeur ou d’empathie. Quant à Joey king, elle restera l’adolescente que l’on se doit apparemment d’avoir pour l’aspect "famille", sujet récurrent dans les comédies américaines et avec toutes ses caricatures.
En souhaitant dépoussiérer l’original, Zach Braff rend une intrigue... bien peu intrigante, se focalisant sur nos trois protagonistes et leurs péripéties. Avec un montage qui se veut dynamique et l’usage de split-screen pour un clin d’œil au années 70, le cinéaste ne propose qu’une mise en scène sans grand effet où les situations se suivent et se ressemblent. Distillant ses touches d’humour sans originalité sur la vieillesse, l’amitié et l’amour, et où le décalage des situations (vitesse ralentie, souci cardiaque etc) n’apportera que quelques faibles sourires et bien peu d’émotion.
Le metteur en scène se perd entre comédie et drame sans vraiment nous passionner. Le hold-up en lui-même ne sera pas le clou de l’intrigue. Le peu de suspense et la facilité de son élaboration en laissera plus d’un perplexe. Si le film souhaitait axer particulièrement sur les liens entre nos trois amis, là encore cela pêche pas des situations conventionnelles, superficielles et aux dialogues manquant de verve.
Le scénariste Theodore Melfi, est peut-être en cause et aligne les clichés du genre en occultant les points intéressants du film : la nostalgie et le temps qui passe, la vieillesse et ses conséquences, les travailleurs lésés et la difficulté d’un certain nombre d’américains comptant sur leurs fonds de pension pour assurer leur retraite.
Même si l’on sait ce que l’on va voir, on s’attend à un peu plus de rythme. L’ensemble reste plat et le final apporte ce qu’il faut d’optimisme mais balayant finalement tout le propos sur la dénonciation de la société et le soutien familial. A défaut d’avoir de véritables enjeux sur l’aspect social, il nous aurait fallu plus de folie...
A conseiller...ou pas.