Série B
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le 25 févr. 2017
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Je m'estime bienheureux, et surtout chanceux, d'avoir pu voir un film tel que Braqueurs dans un cinéma... Même presque deux mois après sa sortie nationale.
Mais avoir pu l'apprécier dans une salle totalement vide, qui plus est lors de la fête du cinéma avec ses quatre menus euros la place, en dit long sur les attentes du public actuel, comme sur le système français du cinéma dans son ensemble, qui étranglent de plus en plus le film de genre entre ses sempiternelles comédies rances et quelques oeuvres d'auteurs cul-coincé, condamnant ainsi cette frange de longs métrages à l'infamie et un anonymat honteux, ou à une exploitation en direct to VOD lamentable.
Aller voir Braqueurs pourrait ainsi passer pour un acte de foi, une forme de résistance, une manière de dire un truc du genre "Marre de ce que vous nous filez sur les écrans", le tout adressé à des producteurs frileux ou des réalisateurs paresseux qui recyclent les bas morceaux de rires crétins.
Car Braqueurs ressemble méchamment au dernier de son espèce. Une espèce qui ne tend pas à copier le film américain de braquage, à glamouriser la violence et à faire des gunfights des morceaux de bravoure indépassables. Le merveilleux Heat s'en charge très bien. Il n'emprunte pas plus le chemin qu'a débroussaillé Olivier Marchal, avec ses flics rincés, son code d'honneur, ses voyous à l'ancienne et son ambiance grise et dépressive.
Non, Julien Leclercq opte pour une troisième voie tout aussi payante que les deux autres : introduire ses personnages dans un réalisme assez froid et distancié, qui décrit des faits et des actes sans porter de jugement sur les protagonistes. Comme le Jean-François Richet du diptyque sur Mesrine ou, il n'y a pas si longtemps, le Nicolas Boukhrief du Convoyeur.
Leclercq dégraisse son récit, tend vers l'épure, met en scène de vrais gueules de cinéma, le monolithique Sami Bouajila en tête, véritable chef de meute et chef de famille intransigeant. Son personnage se lance dans une véritable fuite en avant haletante, suivant une mise en place familiale et hiérarchique nécessaire à la définition des enjeux du récit. Leclercq pose sur la banlieue et ses trafics un regard lucide mais neutre, préférant scotcher son spectateur tant le rythme de Braqueurs assure un intérêt de tous les instants.
Le film traite aussi avec justesse des métastases de cette violence qui fracture les familles et enlève les êtres chers. A ce titre, le personnage de Guillaume Gouix se montre le plus représentatif dans ce que l'on peut perdre. Car aucun des personnages ne sort indemne de cet affrontement braqueurs / dealers presque sans arbitre.
Julien Leclercq a tout bon : sa caméra dynamique colle aux basques de ses personnages de manière frénétique, sans pour autant verser dans le spectaculaire gratuit. Efficace, excellent à faire monter et maintenir une tension constante, Braqueurs séduit immédiatement et passe comme un souffle, identique à celui des balles qui sifflent aux oreilles, à celui qu'on retient devant une violence sèche et sans concession.
Behind_the_Mask, le calibre à la main.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Une année au cinéma : 2016 et Les meilleurs films français de 2016
Créée
le 26 juin 2016
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