Pour Braveheart, Mel Gibson s’est approprié le nom de William Wallace, libérateur de l’Écosse mobilisant tous ses clans contre les anglais. Incarnant lui-même à l’écran le personnage, il en fait un héros et le porte-voie de la liberté. Cette valeur, il la cite régulièrement, allant jusqu’à la crier lorsque tout semble perdu. Fait intéressant, il l’envisage bien comme une liberté « par rapport à » (donc une lecture positive et consistante, non idéologique).
Braveheart est un film important, large vainqueur à la cérémonie des Oscars en 1998, classé parmi les 500 meilleurs films de tous les temps dans la liste du magazine Empire. On lui doit le renouveau du cinéma épique, qui atteindra son climax avec Gladiator. Braveheart n’est pas à ce niveau, car Mel Gibson n’a pas le sens du grandiose de Ridley Scott. Le lyrisme de Gibson est simple, brut et chichiteux par intervalles ; dans Braveheart, des hommes se battent pour leur fierté et leurs besoins de bases.
C’est noble et volontariste, mais il manque un sens de la mission et de la perfection, des aspirations civilisationnelles ; en bref, un idéalisme qui trouverait sa traduction pragmatique – or Gibson est plutôt dans la dynamique inverse. Et il faut voir ce que Braveheart est, plutôt que ce qu’il n’est pas ; et c’est l’histoire d’un combat pour l’autonomie, donc bien une croisade, avec sa dimension concrète et magique ; un spectacle réjouissant, émouvant et invoquant le guerrier (ou le rebelle loyal) en chacun.
La limite, c’est que si musclé soit-il, Braveheart a tendance à s’enliser et à ne pas toujours générer l’intensité dont il a la vocation et les arguments. Cette fraternité au cœur du film est affichée sous un angle trop tribal et paillard. Les infidélités à l’Histoire sont heureuses et on retrouve cette emprunte typique de Gibson, ce scepticisme sur les hommes mais aussi finalement sur les possibilités de la condition humaine, cette foi néanmoins dans les vertus de courage, d’honneur, dans l’espoir et l’action.
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