Breakfast on Pluto raconte l'histoire d'un jeune irlandais travesti qui part à la recherche de sa mère, partie à Londres quand il était petit.
Depuis quelques temps les travestis me harcèlent. Non, pas littéralement, ce n'est pas assez répandu dans la société actuelle pour que ce soit réaliste.
Cela a commencé y'a plusieurs mois devant un dictionnaire, je cherchais un mot et en feuilletant un peu je suis tombé sur le mot "travesti", je me suis automatiquement mis à la recherche d'un équivalent féminin. Garçon manqué ? Non, il n'y a pas d'équivalent, une femme qui s'habille qui comme un homme c'est devenu fréquent, ça ne choque personne. Un homme habillé comme une femme c'est tout de suite beaucoup plus dégradant.
Suite à quoi je suis tombé sur une citation de Madonna qui faisait réellement écho avec mon propre étonnement "Girls can wear jeans and cut their hair short, wear shirts and boots, cause it's okay to be a boy. But for a boy to look like a girl is degrading cause you think being a girl is degrading".
Un revisionnage d'Ed Wood (magnifique travesti, il me semble même que c'est le premier film avec un travesti qui ne soit pas seulement tourné au ridicule en personnage principal) plus tard je me retrouve devant Breakfast on Pluto me demandant comment le réalisateur allait aborder ce sujet casse gueule. Avec simplicité et brio.
Pas d'explication vaseuse ou psychologique, on passe vite sur son passage d'homme à femme et c'est très bien. A travers tout le film on sent, entre autre grâce à Cillian Murphy, qu'il deviens une femme car c'est ce qu'il a envie d'être et le personnage ira jusqu'au bout pour être lui même, toujours.
Cette constance dans le personnage m'a permis très rapidement de m'identifier à lui et de m'y attacher pour ne plus jamais le laisser partir.
Cillian Murphy s'implique tellement dans ce personnage qu'il devient tangible et tout de suite crédible. Ce film impose Cillian Murphy comme un des meilleurs jeunes acteurs actuels. A côté de Cillian Murphy on a de nombreux seconds rôles tous très bien interprétés (Brendan Gleeson, excellent comme à son habitude, Liam Cunningham, Stephen Rea, Gavin Friday et j'en passe).
A côté de ça la réalisation est soignée, assez sobre mais toujours efficace. J'ai remarqué deux ou trois plans plutôt limite mais dans une production de deux heures c'est un exploit de ne voir que trois fautes de cadrage à mes yeux et elles sont largement rattrapées par certains plans (avec le magicien ou dans le métro, par exemple).
/!\ Si vous n'avez pas vu le film ne lisez pas la suite de cette critique, plongez vous directement dans le film /!\
Le scénario de son côté est extrêmement bien construit mais malheureusement utilise des mécaniques souvent similaires basés sur le renversement des rôles. La mère, élément parfait et rêvé au départ du film perd de sa superbe tout le long contrairement au père qui devient un exemple de vertu. Le tueur est initialement présenté comme quelqu'un de serviable qui offre même un collier avant d'essayer de la tuer alors que le magicien offre à St Kitten un des moments les plus beau du film alors qu'il commençait en se moquant de lui.
Cela dépasse la personnalité des gens, même les péripéties du film sont soumises à cette loi du scénario et du retournement.
Les brigands arrivent, ils vont la tuer, elle ne va pas bien. Au final elle demande à être tué et eux s’éloignent. Les flics la maltraitent pour obtenir des informations, veulent à tout prix la garder pour la faire parler et cela se retourne au point qu'elle demande à rester en cellule.
J'ai bien mis la structure du scénario en avant mais à mes yeux ce n'est pas un défaut tant la plupart des situations font mouches même à un deuxième visionnage.
Pour conclure c'est un film bien construit, sur un sujet loin d'être évident mais qui est parfaitement abordé, le tout mis en valeur par une interprétation hors du commun dans un film où l'humour fait toujours mouche.