Breaking News je l'ai vu l'année de sa sortie, un après midi de fête du cinéma. J'attendais alors les résultats de mes partiels, et sur le point de savoir si oui ou non j'allais empocher ma licence d'Anglais et pouvoir poursuivre des études déjà fatiguées de courir loin devant, c'est tout naturellement que je pris mon courage à deux mains et allai me planquer toute la journée dans l'une de mes salles obscures préférées d'alors, loin du monde.
C'est donc sur la base de souvenirs que je lui avais attribué la plutôt bonne note de 7, empli de gratitude pour m'avoir permis, à l'aide d'un Crazy Kung fu divertissant vu juste avant, d'oublier un peu l'espace de petites heures...les heures qui passent.
Ce qui m'était resté en tête, bien entendu, c'est son introduction tournée en plan-séquence ; procédé artificiel au possible puisque soumis à une mise en scène et un chronométrage ne laissant nullement part à l'improvisation mais qui a pour effet une impression d'authenticité assez paradoxale.
Une montée en pression ponctuée d'une fusillade urbaine, tournée de la sorte fait toujours son petit effet en guise d'introduction.
Le reste du film ne vous fera pas crier au génie; une réalisation loin d'être extraordinaire, une histoire de traque/prise d'otage somme toute classique, et ce malgré une timide tentative d'aborder le thème de la relation pouvoirs publiques/médias avec ce que le cela pourrait soulever de questionnement en matière de manipulation de l'image et de l'information.
Malgré tout, quelques éléments sortent le film du lot et en font un spectacle bien plus sympathique que la moyenne.
D'abord sa durée (1h30) —malheureusement peut être aussi responsable du survol de sa thématique sous-jacente— en fait tout de même un objet concis, direct et donc efficace et digeste.
Ensuite la bonne idée d'inverser quelque peu les repères et suscitant beaucoup plus d'attachement du côté des hors la loi de l'histoire qu'envers la police, bien égratignée au passage. Elle est représentée par des personnages froids, calculateurs, aux dents longues (le capitaine Fong) ou tout bonnement antipathiques et manichéen (l'inspecteur Cheung). Seuls ces traits sont avancés, sans plus ample développement.
A l'inverse la clique de truands d'en face se révèle être plus développée, plus humanisée. On s'attache naturellement plus à ces bad guys, qui malgré leurs actions discutables, rêvent, plaisantent, aspirent à une vie rangée, cuisinent et partagent un repas de famille avec leurs otages.
Pas de quoi casser trois pattes à un canard laqué me direz vous, mais au moins de quoi s'intéresser à leur sort, et c'est déjà pas si mal.
Entre fusillades, cynisme et espièglerie, Breaking News bénéficie d'un bon capital sympathie. Sans être extrêmement développé son sujet de fond est néanmoins assez visible pour être pertinent, et Johnnie To —sans trop se fatiguer non plus— livre une réalisation très honnête, appuyée par de bon acteurs.
De quoi passer une heure trente agréable, et oublier le temps qui passe.
P.S: et au fait oui je l'ai eu cette licence.