Ce film a choqué une partie de la salle de la Nuit Excentrique. Monsieur Rauger, directeur de programmation de la cinémathèque, a même prévenu que jamais, Nanarland n'avait été aussi loin. Et moi-même objectivement aguerri, je n'ai jamais vu ça. C'est absolument mauvais, interminablement lent et fauché, il vaut mieux en avoir pleinement conscience, et ça se bat entre le navet ultime et le nanar ultime. Peut-être "C'est arrivé près de chez vous" en une ellipse, réalisé par un belge adepte de la fine plaisanterie sur la poésie masculine, son unique film.
JAMAIS, je n'ai vu un film aussi barbare dans son systématisme à rabaisser une femme, morte ou vive peu importe, au rang d'objet balloté sur qui lancer des obscénités, avec pourtant une certaine douceur des plans. C'est très troublant. Le film peut se résumer à ça et en deux scènes :
1) Le violeur tueur chauve prend en stop une jeune femme, qui se soulage toujours perdue là dans un coin de nature, en attente de se faire agresser sans doute, puis il commence à vomir un flot incessant de pensées lubriques en voix off pendant qu'il imagine la jeune femme se déshabiller. Visuellement, ça ne change rien évidemment, elle le fait. Puis, il la déshabille, la gifle et elle meurt... Mais bon, elle bouge encore... Et on voit le mec de la lumière dans le chrome de la bagnole aussi... Après, c'est encore plus atteint, les autres victimes jouent l'effroi et le désir en même temps et pour de vrai...
Et DE SURCROIT,
2) Prévenus par le tueur, les trois super inspecteurs de la brigade spéciale qui ne s'en bougent pas une, mais rien vraiment, arrivent sur les lieux des crimes, fument et ramassent les cadavres dénudés enfoncés sur un levier de vitesse, un pot d'échappement ou même un pneu, en toute quiétude de lancer des petites blagues salaces que je vous laisse imaginer... Maintenant multipliez par 10 ce que vous avez imaginé. Parce qu'attention, toutes les pièces sont encore partie intégrante de la voiture. Le mec veut littéralement emboîter une voiture et une femme, pour oublier son impuissance sexuelle sans doute, ce qui titille grandement l'imagination de nos trois branleurs.
Et c'est ça tout le film (!!!) avec une mise en scène en noir et blanc voulue grosse contemplation de polar melvillien propre sur elle. Ajoutez Jâson la touche classe, le chef des trois branleurs au costume et chapeau melon so british, qui se téléporte d'un lieu à l'autre ou dit Allo au téléphone entre chaque victime, et une interminable et totalement inutile scène de soumission au fouet au milieu, genre Le cheval du diable de Devil Story version sado-maso, perturbant...
C'est indescriptible de misogynie au dernier degré jusqu'à la réplique finale. Juste un exemple, le premier qui frappe l'esprit. Les inspecteurs ramassent trèèès lentement le premier corps et le petit moustachu qui se fait toujours piquer son cigarillo sort un truc du genre "ça m'excite ces petits seins tout froids"... Dés lors, ça ne s'arrête plus.
La musique est de De Wolfe, ambiance sombre toujours garantie. C'est d'autant plus paradoxal pour un truc qui se présente comme une comédie... Je ne sais que dire et le pire est que c'est tellement mauvais que l'on parvient à en rire. Ou alors, il fallait au moins être plus de 400 pour le vivre et y survivre.