"Seul un Bright peut maîtriser une baguette."
(au moins pour la version X du film, il n'y aura qu'une lettre à rajouter...)
C'est avec cette magnifique citation que s'ouvre donc le nouveau long-métrage de David Ayer produit pour la plateforme Netflix. Après avoir navré 99% de la population mondiale avec sa "Suicide Squad", le voilà de retour avec un scénario 100% original signé Max Landis (on ne comprendra jamais comment l'auteur de "Chronicle" ou de la série "Dirk Gently" a pu signer un truc pareil !).
Enfin, original... C'est un bien grand mot, si vous avez vu "Futur Immédiat" ou "District 9", imaginez la même situation, excepté le fait que les aliens ont été remplacés par des strates sociétales composées d'Orcs, d'elfes, de fées... et de policiers tous moustachus ! Car, oui, Ayer n'a bien sûr pas pu s'en empêcher : il a saupoudré le tout d'une dose de ses anciens (et bons) longs-métrages ("Au Bout de la Nuit", "End of Watch") où l'on suivait le quotidien de policiers au milieu des gangs et de la corruption, afin de créer avec ce truc improbable un nouveau genre qu'on espère ne jamais revoir : le buddy-cop movie féerique ! Ouais, rien que ça !
Néanmoins, soyons honnêtes, la seule idée d'un univers d'heroïc-fantasy couplé à notre monde moderne pouvait nous laisser entrevoir quelques espoirs d'un propos original et peut-être même intriguant. Peine perdue, Ayer va se montrer incapable de nous rendre ce monde un minimum crédible entre un enchaînement de caricatures simplistes (les pauvres Orcs sont oppressés pour leur différence -attention, parabole sociale subtile, les elfes sont des fashion victimes riches et dominantes, les fées sont des insectes débiles), des effets spéciaux et maquillages qui laissent... perplexes (apparemment, le type qui a créé Killer-Croc dans "Suicide Squad" a usé ses fonds de stocks pour le look des Orcs, on a de la peine pour Joel Edgerton, vraiment) et surtout une rapidité d'exécution pour l'installer qui confine à la précipitation totale (le générique d'ouverture était une belle idée mais il n'y a que ça d'intelligent pour montrer les méandres de cet univers dans les premiers instants).
Non parce que le David, il est persuadé qu'il tient l'histoire de sa vie, mine de rien, alors pas de temps à perdre avec la crédibilité.
On se retrouve donc aux côtés de l'officier de police Darryl Ward dont le quotidien familial est très vite évacué (Ayer a dû se rendre compte qu'il avait déjà mis une petite fille dans les pattes de Will Smith dans "Suicide Squad" et que ça n'avait pas été la plus brillante des idées), il reprend le travail après sa guérison d'une blessure par balle et retrouve son partenaire, le premier Orc à être rentré dans les forces de l'ordre. Après nous avoir montré lourdement que cette pauvre créature tatouée d'écailles était le souffre douleur de ses collègues humains, nous voilà donc à patrouiller avec eux tout en écoutant des tunnels de dialogues faciles de flics. Alors qu'ils répondent à un appel, débute une interminable course-poursuite où il sera question d'elfes renégats, de baguettes magiques, d'une jolie elfe blonde gentille (forcément), d'une jolie elfe blonde méchante (idem) et d'un Seigneur des Ténèbres qui aimerait bien une rapide mutation sur notre bonne vieille Terre (re-idem).
Dès lors, "Bright" n'aura plus rien à proposer sinon une progression de jeu vidéo où les nouveaux adversaires représentent un nouveau niveau (tout y passe : flics corrompus, gangs latinos, gangs Orcs et évidemment les boss finaux elfiques). C'est bien simple, tout sera prétexte aux scènes d'action plus ou moins réussies (des slow-motions en 2017, beurk) d'où on sauvera surtout les interventions musclées de Noomi Rapace (la seule à briller un tant soit peu) et de ses deux sbires à la force surélfique qui apporteront une dimension bien plus énergique que tout le reste à l'ensemble. Sinon, rassurez-vous, au milieu de rebondissements éculés, le policier humain et l'Orc deviendront les meilleurs copains du monde (tellement qu'on s'attend même à les voir se faire tout plein de papouilles) et régleront bien évidemment toute cette affaire devant nos baillements indifférents.
La seule qualité de "Bright" est d'être peut-être moins pire que "Suicide Squad" sur l'échelle de la médiocrité. Mais de là à saluer un tel effort...