Devenir metteur en scène de sa propre enfance pour prétendre l’achever et entamer un nouveau départ, ressusciter l’ours de jadis comme mise en abyme cinématographique de l’origine personnelle et profonde de chaque œuvre créée avec des moyens adultes certes mais dirigée par le cœur d’un petit garçon. La force de Brigsby Bear réside dans son honnêteté de ne jamais mélanger rêve et réalité, du moins à faire que la mise en scène ne se double d’aucun artifice rythmique ou pictural qui aurait changé le film en éloge idéalisée et faussement naïve de la création artistique. Là tout est capté dans sa banalité merveilleuse, dans ce que le quotidien porte comme grandeur imaginative dans un rayonnement au-delà des galaxies connues. Surtout, le film vaut pour son éloge du cinéma des origines conçu avec quatre bouts de ficelle et, de prime abord, l’investissement d’une équipe d’amis. Une caméra, des potes talentueux et investis, voilà le film d’une vie. Piqûre de rappel qui nous dit que les plus grands moments et monuments du cinéma naquirent sous une bonne étoile, certes, mais faite de bric et de broc, d’artisanat au sens le plus noble du terme. Rares sont les films à mettre en scène la sincérité en adoptant une démarche elle-même sincère. Brigsby Bear constitue à ce titre non une date – l’ensemble apparaît finalement quelque peu anecdotique, conformément à son postulat – mais une œuvre étoilée qu’un artiste éleva dans un ciel cinématographique si aseptisé et abâtardi qu’elle en ressort avec la plus pure clarté.