Quand père fouettard fâché lui toujours faire ainsi

"Monsieur le pasteur vous êtes un salaud !" C'est le moins qu'on ait envie de dire, (parodiant le regretté Thierry Roland), au vue de la longue, très longue liste de brimades, humiliations, crimes et tortures en tous genres que ce père-la-terreur accumule 148 minutes durant.
Car trop c'est trop.
La grande intelligence de Charles Laughton avec la Nuit du Chasseur, dont Brimstone est une forme de remake, était d'avoir construit le film autour d'un personnage parfaitement ambigu : Mitchum y campait un pasteur certes violent mais présentant une face séduisante constituée d'un mélange de bonhommie, de beaux discours, et même d'une certaine maladresse. Harry Powell n'était pas seulement un esprit malfaisant, il était fondamentalement ambivalent : Hate and love. Autrement dit un loup plus ravissant, au sens littéraire du terme, que vorace comme il est dit du révérend dans Brimstone. Harry Powell savait se faire aimer, des voisins, de sa femme, de la gamine et même de John qui, contre toute attente, fond en larme lors de l'arrestation de son père d'adoption. Le Révérend joué par Guy Pearce, n'est jamais "love" mais uniquement "Hate". Il est, du début à la fin, totalement, impérieusement, catégoriquement et irréductiblement méchant. Un très grand méchant. Tellement méchant même que non content de violenter et d'humilier sa femme, il s'en prend ensuite à sa fille, qu'il châtie pour un rien et viole avant de s'attaquer à sa petite fille (si, si), non sans avoir semé ici et là des morts en veux-tu en voilà, de tous âges et de toutes conditions. Ce personnage sans nuance, est totalement transparent, ses agissements sont attendus ; il est finalement très peu intéressant.


C'est du lourd, du très lourd donc et ce n'est pas plus léger côté narration. Découpée en quatre chapitres remontant la chronologie des faits, (et renvoyant, excusez du peu, à des titres bibliques) l'histoire s'étire en une interminable démonstration. Et c'est là que le film est à mon avis le plus mauvais : dans une succession de scénettes aussi invraisemblables qu'inutiles (les deux cow-boys qui s'entretuent, la langue coupée...) et de personnages dont la principale fonction sera de finir : égorgé/supplicié/flingué/éventré/ (barrez les mentions inutiles) par ce furibard de révérend. Des personnages auxquels on ne croit jamais, avec une mention spéciale pour deux acteurs bien connus des amateurs de Game of Trones, la sorcière rouge en personne qui prend (très) cher ici ou le courageux John Snow qui décidément ne comprend rien à rien.


Enfin, la mise en scène est d'une relative pauvreté. Succession de clins d’œil poussifs au chef d’œuvre de Laughton, répétition des mêmes effets de style (combien de plans avec Johanna espionnant les horreurs de son père ?), montage sans inspiration et enfin utilisation systématique de la musique pour surligner chaque moment dramatique (et ça n'en manque pas croyez-moi).
Bref, un long et ennuyeux visionnage (en deux temps, histoire de digérer le truc).


Personnages/interprétation : 5/10
Histoire/scénario : 3/10
Réalisation/mise en scène : 4/10


4/10

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le 6 nov. 2017

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Theloma

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