Ancien animateur de chez Disney, Don Bluth réalisait en 1982 son premier long-métrage, emportant avec lui une bonne partie du staff de son ancien employeur, ce qui aura pour conséquence de repousser la mise en chantier de "Rox et Rouky".
Adaptant le premier tome de la série des "Rats de Nimh" rédigée par Robert C. O'Brien, Don Bluth accouche déjà d'un chef-d'oeuvre, une véritable petite pépite qui ne trouva malheureusement pas son public à sa sortie, la faute à un univers extrêmement sombre, pas forcément orienté tout jeune public.
Derrière son anthropomorphisme et son adorable héroïne, "Brisby et le secret de Nimh" cache en effet un univers noir et franchement flippant quand on le découvre tout minot comme ce fut mon cas, Bluth transformant une bonne partie de sa ménagerie en pures créatures d'héroïc-fantasy, faisant d'un simple chat une menace digne d'un dragon et d'un hibou un mage mystérieux dont l'apparition vous marque la rétine d'un gosse.
Visuellement à tomber à la renverse avec ses décors convoquant carrément Tolkien alors qu'il ne s'agit grosso modo que de la campagne américaine, "Brisby et le secret de Nimh", en plus d'instaurer un suspense implacable et étonnamment adulte dénonçant les expérimentations faites sur les animaux, présente une des héroïnes les plus touchantes jamais vues dans un film d'animation, une émouvante mère courage prête à tous les sacrifices pour sauver sa progéniture, secondée par des seconds couteaux attachants comme c'est pas permis.
Merveille d'animation dosant parfaitement ses effets, capable de passer du rire au frisson en un quart de seconde, "Brisby et le secret de Nimh" est sans conteste LE chef-d'oeuvre d'un cinéaste que l'on a trop tendance à oublier, un diamant brut toujours aussi fascinant porté par un casting vocal remarquable et par la partition mémorable de Jerry Goldsmith.