Du polar commercial routinier mais bien filmé et bon esprit

Quitte à toucher son chèque, autant le faire avec professionnalisme. C'est le cas ici.
Allen Hugues (responsable avec son frère des visionnaires Menace II Society, From Hell, The Book Of Eli) est un réalisateur au visuel acéré et intéressant. S'il range ici ses griffes, il sait tenir son récit et l'illustrer avec une certaine classe et inventivité.
Genre à un moment, Walhberg déambule dans une rue importante pour lui et son trauma, plutôt que d'enchaîner les flash-backs, on se contente de cadrages anxyogènes sur Walhberg alors que des murmures en fond sonore reconstituent partiellement les pièces du puzzle. Pudique et audacieux.
Il y a aussi quelques plans-séquences simples mais bien pensés, comme le premier plan nous présentant avec agressivité Mark Wahlberg en flic ambigu.
La caméra de Hugues est fluide quand il le faut, elle virevolte ainsi autour du superbe embobineur joué par Russel Crowe dans une séquence clé, étourdissant le spectateur comme Mark Wahlberg est étourdi par le flot des mots, incapable de réaliser qu'il vient de pactiser avec le diable.

Le scénario a longtemps traîné sur la célèbre Black List, l'intrigue étant d'une noirceur et d'une radicalité discrètement plus corsé que dans le ciné mainstream, et Wahlberg a décidé de le produire en indépendant.
Choix intéressant et en même temps peu risqué, ça reste quand même bien basique et commercial.
Là où Broken City est le plus intéressant, c'est dans sa volonté de faire du bon polar à l'ancienne, urbain et désenchanté, tout en prenant soin de moderniser pépère certains archétypes.
Walhberg joue ainsi un détective réactualisé, ancien flic qui a ruiné sa carrière et qui s'est reconverti bon gré mal gré. Une tête brûlée qui fout la merde et qui donne son charme au film, Walhberg étant très bon en dur qui en a gros sur la patate.
Rien de glamour dans son boulot (si ce n'est la secrétaire plutôt mignonne), le mec file juste des mecs, prend des photos de maris infidèles et collecte les dettes. Jusqu'à ce qu'il mette le doigt dans un engrenage terrible. Du classique tout ça, mais sympa.
L'aspect thriller sur des hommes politiques pourris colle bien avec l'air du temps et donne lieu à certains échanges intéressants, notamment un débat intense où la démagogie l'emporte avec aplomb.

Bref, pas le film de l'année, pas même le film de la semaine, mais un polar sympa et bien foutu qui permet d'observer Allen Hugues, mec doué, faire ses gammes en attendant mieux.
Dalecooper
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le 11 avr. 2013

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Dalecooper

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