De l'art de planter une petite graine

Il est mort Don. Il en a pas l'air comme ça mais il est bien mort. Un simple regard distrait permet de voir qu'il respire, qu'il peut tourner la tête quand son courrier vient frapper son carrelage, il peut même bander puisqu'il a gagner son surnom de Don Juan. Cependant un examen plus attentif permet de diagnostiquer une mort cérébrale. Il n'a ni but, ni volonté, ni même la moindre envie. Il hante sa maison plutôt qu'il l'habite. Son coin favori c'est son canapé depuis lequel il peut regarder des vieux films d'un œil morne ou tout simplement glander en attendant on ne sait quoi.

Et c'est là qu'intervient Winston, le voisin de Don, qui va s'efforcer d'insuffler la vie dans cette molle enveloppe charnelle. Bien aidé en cela par une lettre anonyme annonçant à Don qu'il a un fils d'une vingtaine d'année qu'il n'a jamais vu. Cette lettre c'est la petite graine, et Winston le jardinier qui va faire tout ce qu'il peut pour la faire pousser dans l'esprit de Don. Contrairement à Don qui a planter sa petite graine il y a 20 ans puis ne s'en est plus soucié. Dans les deux cas cette graine c'est celle de la vie. Winston va faire comprendre à Don qu'il a enfin un but, une raison de vivre, retrouver son fils et éventuellement être un père pour lui.

Il est vivant Don. Sans l'admettre il va se jeter à corps perdu dans sa quête qui va l'emmener à travers l'Amérique rurale à la recherche de ses anciennes conquêtes. Mais il se sentait peut être mieux quand il était mort. Seulement maintenant il est vivant et a une mission à remplir qu'il ne pourra jamais laissé tomber parce qu'elle l'obsède.

Servi par des acteurs impeccables et une réalisation soignée, Broken Flowers est un film lent et poétique, mais pas mou et inintéressant. Comme à son habitude Jim Jarmusch choisi minutieusement sa bande son en nous proposant, après le hip-hop old school de Ghost Dog, un jazz ethiopien fort agréable.

Une histoire de jardinier passionnante au dénouement remarquable. Tout simplement un des plus beaux films des années 2000 et un des plus beaux rôles pour le grand Bill Murray, touchant comme jamais devant la caméra du tout aussi grand Jim Jarmusch.