Après avoir vu la bande annonce, et accessoirement avant d'entrer dans la salle, on pourrait s'étonner de trouver l'excellent Edward Norton dans le siège de réalisateur. Ce serait oublier qu'il s'est pourtant déjà confronté à l'exercice presque vingt ans plus tôt, avec Au Nom d'Anna, film hautement imparfait et oubliable mais plutôt attachant, grâce à la jolie Jenna Elfman, qui déserte aujourd'hui le grand écran...


Il ne faut pas longtemps pour comprendre ce qui a attiré l'acteur, tant Brooklyn Affairs semble avoir été bichonné et rassemble nombre de têtes d'affiche devant ou derrière la caméra.


Il apporte en effet la plus grande attention à l'ambiance de son film, qu'il soigne aux petits oignons, nous plongeant immédiatement au coeur des années cinquante via les figures inaltérables du film noir. Jusque dans sa narration, prenant le tour de l'histoire personnelle et de la quête de vérité sur un mentor et les circonstances de son élimination.


Si l'affaire, évidente dans son intrigue, est plutôt bien tenue, on sent bien que Norton n'y attache pas suffisamment d'intérêt pour la porter au premier plan de son film. Non. Car Brooklyn Affairs lève plus d'une fois le nez au vent, comme distrait, pour capter et s'imprégner de l'air du temps. D'une ville en pleine mutation économique, tout en restant engoncée dans ses règles de ségrégation raciale et sociale. Et prise dans les méandres du pouvoir, des luttes d'influences et la moralité de ses fondations.


Le film est donc multiple et éclectique. Tout en cultivant un certain sens de l'harmonie. Entre deux pistes explorées, entre deux corrections classiques de son enquêteur hors nome, il s'épanouit dans la maraude au coeur des clubs intimes de Harlem, s'offrant, peut être de manière égoïste, des respirations musicales caressées des touches du piano et ponctuées des envolées de trompette, ramenant au côté oeuvre noire de l'entreprise, tout comme il nourrit son atmosphère par des approches jazzy marquant un certain bon goût.


Edward Norton oublie donc le temps qui passe, expliquant dès lors les presque deux heures trente de projection. L'acteur réalisateur laisse passer le temps, peut être au détriment du tempo de son enquête, mais n'ennuyant jamais son spectateur, qui se laisse bercé par une ambiance qu'il ne s'attendait pas à retrouver au vu de la bande annonce. Une ambiance baigné de moments comme rêvés, servant une rencontre et une attirance mutuelle de deux personnages rejetés du fait de leurs différences. Et nourrie d'une douceur et d'une mélancolie bienvenue.


Et dès lors, au-delà de la quête initiale, on se rend compte que Brooklyn Affairs parle avant tout de son personnage principal, finalement éponyme. En posant la question du trop plein des pensées et des sentiments qui l'handicape.Tout en livrant une jolie galerie de portraits sensibles de ceux évoluant dans son sillage, servie par un casting enthousiasmant. L'attachement s'avère total, cristallisé dans une dernière image réconfortante et apaisante.


Et malgré son rythme un poil nonchalant, mais jamais contre productif, Brooklyn Affairs impose sa justesse comme une très jolie surprise, imprimant la grâce et la sincérité d'Edward Norton sur la pellicule.


De quoi aimer encore un peu plus le bonhomme.


Behind_the_Mask, qui s'interroge sur l'opportunité d'investir dans l'immobilier.

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le 4 déc. 2019

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