Belle ambiance paresseuse et sophistiquée

Ah ! Cette musique jazzy, parfois envoutante, omniprésente, aux trémolos de trompette stylisés... Cette bande-son est assurément le sixième personnage principal. Et sa présence souvent discrète, parfois juste mise en avant donne le rythme à cette enquête qui ressemble plus à un chemin de croix ou une quête existentielle qu'à la résolution d'une intrigue policière somme toute presque banale. Parfois, j'ai songé à ce rôle de Jack Nicholson, à la recherche de coupables improbables dans Chinatown en y retrouvant quelques similitudes.
Ici, Edward Norton assure derrière la caméra avec une reconstitution soignée, des acteurs au meilleur de leur forme, surtout William Dafoe, ambigu, manipulateur, et quelque part jaloux, de son frère, interprété par un Alec Baldwin assez étonnant en Mo et de la belle Gugu Mbatha-Raw aussi troublante que sensuelle, utilisée par les uns et les autres.
L'intrigue importe peu même si le twist final remet un peu d'ordre dans le fil conducteur et permet de hiérarchiser les ambivalences de Mo, personnage somme toute, pervers et manichéen. J'ai l'impression que Edward Norton a voulu nous raconter une histoire qui lui tenait à cœur, mais à sa façon en nous plongeant dans les bas-fonds de Harlem imprégnés de jazz, de sensualité, d'interdits et de nonchalance.
Et le syndrome de Gilles de Tourette, pouvant surprendre, mettre mal à l'aise, s'imbrique bien dans le personnage de Lionel, sorte de justicier un peu paumé, mais honnête et respectueux des valeurs que Frank (Bruce Willis) lui a inculquées.
Le rythme du film peut paraitre lent, mais les deux heures et demies passent sans problème, baignées par des dialogues à la Tarantino, un suspense flâneur mais grandissant à la L.A. Confidential, comme le suggère la pub, et une mise en scène digne de Polanski , ou plus prosaïquement, par certains égards de Soderbergh.
C'est un bon film qui acquerra ses lettres de noblesse avec le temps, qui vieillira comme une bonne bouteille, et qui nous envoutera lentement avec son ambiance paresseuse mais sophistiquée.
A vous de voir, mais c'est un vrai régal.

Eric-ROBINNE
8
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le 5 déc. 2019

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Eric ROBINNE

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