BROOKLYN VILLAGE (13,2) (Ira Sachs, USA, 2016, 85min)
Une chronique sensible imprégnée des tracas du quotidien, décrivant le destin d’une famille de bobo (le père acteur, la mère psy et le fiston dessinateur) héritant après la mort du grand-père d’un appartement à Brooklyn et d’une boutique au rez-de-chaussée occupée par une couturière, amie du grand-père. Le réalisateur américain Ira Sachs nous revient, après notamment le mélancolique « Forty shades of blue » (Grand Prix du jury Festival de Sundance 2005) et l’émouvant « Love is strange » en 2014, pour nous dépeindre ce petit tableau de quartier. La mise en scène d’entrée de jeu se place au côté du jeune garçon, apprenant par les circonstances une nouvelle funeste qu’à priori il ne connaissait pas. Le long-métrage poursuivra de manière délicate en se mettant à hauteur d’adolescent pour raconter cette histoire de gentrification, d’affrontements sourds entre adultes et d’une amitié entre deux jeunes garçons qui ne demandent qu’à s’émanciper. Le cinéaste ponctue son film de saynètes pointillistes avec comme fil rouge le souci d’une écriture particulièrement juste, le scénario habilement amené s’infiltre entre les non-dits mettant à mal l’amitié adolescente naissante déjà bien soudée. Ira Sachs accompagne magnifiquement ses protagonistes par des travellings lors d’escapades en rollers ou en skate, de subtils fondus au noir, et des cadrages très précis. Une grammaire cinématographique sans pathos qui enveloppe un récit et des dialogues très bien écrits mais parfois aux émotions parfois trop contenus. Le casting d’une pertinente cohérence se révèle très attachant et tous les interprète convaincants. Une charmante bande sonore vient embellir en parfaite adéquation chaque scènes du long métrage alors que l’auteur convoque le cinéma de Woody Allen, Noah Baumbach et le dramaturge Tchekov pour nous livrer cette tendre pièce. Venez faire un tour et découvrir les choses de la vie à « Brooklyn Village ». Délicat, cruel et touchant