Pas de demi-mesure avec la vérité
Henry Brubaker est criminologue, militaire et surtout idéaliste au moment où il est diligenté par le gouverneur pour réformer le pénitencier de Wakefield. Ce dernier a pour particularité d'être dirigé par quelques civils corrompus et des prisonniers véreux. Des matons il n'y en a pas, de même que du respect. La surveillance c'est l'affaire des "matons sur paroles", des prisonniers sous serment protégeant la veuve et l'orphelin, euh le veule et l'enfant de putain, et jouissant au passage d'avantages particuliers. C'est dans la peau d'un prisonnier qu'entre pour la première fois dans son établissement Brubaker. Après deux semaines en immersion et devant l'ampleur de sa tâche le sous-marin Redford émerge finalement pour en prendre les rênes. Sa mission : ramener de la dignité, de l'autorité et de la justice dans cet enfer carcéral. Mais la tâche n'est pas aisée et les embûches s’amoncellent sur son chemin de croix. L'ennemi viendra tant de l'intérieur le prévient-on (les assermentés) que de l'extérieur. Surtout de l'extérieur. Entre le conseil d'administration du pénitencier ouvertement réticent à la réforme et les pseudo-réformateurs du gouvernement (le sénateur, l'adjointe au gouverneur et le gouverneur lui-même), les pires ne sont pas les premiers. Les coups dans le dos viendront effectivement des seconds dont la morale réformiste ne s'engage qu'à un certain point. La réforme oui, mais les mains propres. Des mains que Brubaker n'hésitera pas à plonger dans la merde et à tâcher de sang au nom de ses convictions. Eux préfèrent raccourcir le corps plutôt que rallonger la boîte, lui préfère soigner l'homme et se servir du bois du cercueil pour construire un toit. Un toit pour la dignité humaine.
Le film de Rosenberg s'avère donc bien plus complexe qu'il en a l'air tirant à boulets rouges sur une certaine idée de la justice, de la répression et de la compromission. Reford est exceptionnel.
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