Traditionnellement à Hollywood, on dénonce ce qui ne va pas dans l'univers carcéral, et cela depuis Je suis un évadé en 1932, Brubaker embraye sur ce sujet en se plaçant dans le courant libéral des films dénonçant l'inhumanité des prisons, d'autant plus qu'il s'appuie sur des faits réels.
Avec son ambiance oppressante et ses personnages déphasés, le film dénonce ainsi un milieu gangrené par des trafics organisés, vols, tortures, brimades, rackets en tout genre qui occupent le quotidien de détenus défavorisés, tandis que des privilégiés promus au rang honorifique de gardiens adjoints, défoulent leur agressivité sur de pauvres gars. Le nouveau directeur choisit une façon peu commune pour entrer en fonction et opte pour une méthode progressiste afin d'améliorer la condition des détenus, mais la découverte d'un charnier va tout changer.
C'est le genre de film typiquement américain, avec un héros idéaliste qui lutte contre tous, en essayant de remuer la machine gouvernementale pour la confronter à ses responsabilités. Cette mentalité démissionnaire des politiciens de Washington face au problème carcéral est donc mise à mal ici par le réalisateur qui réussit un bon drame avec une vision objective de la violence décadente et masquée, en retraçant les efforts d'un homme qui tente d'humaniser une institution déshumanisée. Redford qui s'est senti concerné à propos des institutions et de la politique de son pays, s'est impliqué à fond dans son rôle, bien soutenu par un casting de qualité où l'on trouve Jane Alexander, Yaphet Kotto, Murray Hamilton, Everett McGill, Joe Spinell, Albert Salmi, M.Emmett Walsh, et un certain Morgan Freeman dans un de ses tout premiers rôles assez importants.
Un bon film qui prouve l'aisance avec laquelle la production hollywoodienne s'attaque aux problèmes douloureux et délicats de l'Amérique.