Elvis vieillit mal. Kennedy encore pire.
Bubba Ho-Tep a tout du film kitsch et ridicule. Des acteurs n'ayant plus vraiment la cote, un cinéaste qui s'est essentiellement fait connaître grâce à son film Phantasm plus de vingt ans plus tôt et une histoire qui a tout de la série Z.
Pourtant, assumé parfaitement et avec une mise en scène très surprenante (dans le bon sens du terme), on obtient finalement une surprise.
D'une part on a des personnages totalement décalés: un Elvis Presley qui se fait passer pour un imitateur d'Elvis car il en a marre du show-business. Pas de chance pour lui le contrat qu'il a signé avec l'imitateur (vu que ce dernier a pris sa place) part en fumée suite à un accident de barbecue. Pas grave, ça l'amuse de s'imiter jusqu'à l'accident de hanche qui l'éloigne pour de bon de la scène et le fait finir en maison de convalescence et de retraite. De l'autre côté, on a un homme qui se prend pour John Kennedy. Petit bémol, il est noir.
Toutefois, ces personnages demeurent incroyablement sympathiques et on est en fait toujours en train de sourire face à leur gentille bêtise. Bruce Campbell est au top de sa forme, très convaincant dans un Elvis vieillit. Et impossible de ne pas voir en Ossie Davis l'image d'un grand-père attachant.
Par ailleurs, la trame centrale est assez kitsch et série Z avouée. Cette histoire de momie, c'est un peu et surtout pour se montrer bien plus sérieux en arrière-plan. A noter qu'on a parfois des plans de couloirs de la maison de retraite qui rappellent fameusement ce qu'ont fait les Coen dans Barton Fink. Par ailleurs, lorsque Elvis rencontre pour la première fois la Momie dans ce couloir, on a droit à un plan tout bonnement remarquable. Alors, il est vrai aussi qu'on a quelques blagues et que cet humour sert finalement à autre chose.
En effet, derrière ces personnages qui clamsent dans leur maison de repos, le cinéaste s'interroge sur ces vieux en fin de vie que tout le monde se fout. La peur de mourir tout seul, de voir sa famille vous oublier alors que vous êtes toujours en vie, de jeter ce qui comptait pour vous, de voir des infirmières vous prendre finalement pour des rigolos et des impotents, des vieux cons qu'on ne doit plus écouter. Car Bubba Ho-Tep raconte finalement cette tragédie de la vieillesse. Et en cela, le film est très beau et très réussi. Coscarelli propose finalement un savant mélange de décalé et de message à prendre en considération. Ne vous avais-je pas dit que c'était une belle surprise?