Je trouve ce film fichtrement bon en fait.
C'est fichtrement loufoque déjà.
Un Elvis grabataire qui végète dans le lit d'une tristounette maison de retraite, voit son compagnon de cellule passer l'arme à gauche. La fille de ce dernier se déplace pour la première fois en trois ans afin de récupérer les effets du vioque et renvoi de ce fait le chanteur à sa propre solitude. Et à l'ennui aussi... C'est bien simple, son seul périple de la journée consiste à se passer du bassin et à accéder, aidé de son déambulateur, aux toilettes situés à bien... oh... trois, quatre mètres de son pieu.
En parlant de ça, son autre passe-temps favori se résume à se morfondre sur son absence prolongée d'érection et ça, ça le mine le King.
Mais tout cela s'apprête à changer car... une momie égyptienne chapeautée et arborant d'accortes santiags se met à sucer l'âme des résidents de l'hospice, nuit après nuit. Et comment accomplit-elle ce prodige ? En aspirant l'essence des résidents par un orifice euh... Bien particulier. Comment dire ça autrement qu'en précisant que sa manière d'opérer restera dans les annales.
Une dernière mission pour notre crooner défraîchi, un baroud d'honneur en somme et il sera aidé par JFK en personne. Non, non, détrompez-vous, il n'est pas mort enfin ! Kennedy s'est retrouvé piégé après ce qui ne fut qu'une mise en scène à Dallas, et "ils" s'y sont bien pris les salauds : "ils" l'ont transformé en noir !
Momie égyptienne en 'tiags, Elvis impuissant et JFK black, que vous faut-il de plus ?
Bruce Campbell est (un petit peu) moins Bruce Campbell qu'à l'accoutumée, camouflé en quelques sortes par son personnage et la façon dont il est grimé mais n'en reste pas moins fatalement drôle et sympathique et génial. Ossie Davis est hilarant en vieux loufdingue persuadé d'être l'ancien président assassiné des Etats-Unis... A noter qu'il y croit tant que je ne suis pas loin de douter moi aussi. Et une petite mention spéciale à celle qui joue le rôle de l'infirmière s'occupant d'Elvis, incarnée par Ella Joyce. J'adore sa tête, ses mimiques, la façon dont son personnage est à la fois sarcastique et si drôle, j'aimerai vraiment la revoir ailleurs.
A noter que la mise en scène est parfois affreusement kitsch. Les flashs à répétition, la bonne dose de flashbacks du début (mais comment se passer d'Elvis se pétant la hanche en chutant de scène ?), la même portion de couloir filmée plusieurs fois pour donner l'illusion que ce dernier est incroyablement long et lugubre et inquiétant (en fait c'est juste le plus banal des couloirs) jusqu'à la musique qui l'est un peu aussi, bien que je la trouve parfaite pour le film est même plutôt sympa.
Mais tout ceci est presque une plus value, parce qu'honnêtement, avec un tel scénario de départ, si le film s'était trop pris au sérieux, ce serait vite tombé dans le ridicule. Ici, le second degré est plus que salutaire.
Le pire et c'est peut-être ce à quoi l'on s'attend le moins en entamant Bubba Ho-Tep, c'est que l'oeuvre parvient même à être touchante et bien moins bête qu'elle n'en a l'air dans sa façon de traiter un sujet ô combien actuel : que fait-on de nos vieux ? (ou "personnes âgé(e)s" si vous préférez, mais "vieux" n'est pas une insulte).
Parce que c'est bien beau de vivre de plus en plus longtemps, mais si c'est pour finir végétatif, dans une maison de retraite, délaissé par les siens et aux prises avec une momie qui en veut à votre cul, je dis flûte aux avancées de la médecine.
Ici nos retraités prouvent qu'on veut p't'être les enterrer un peu trop vite, qu'ils ont plein de choses à faire encore et qu'ils partiront la tête haute, après un dernier combat, l'épé... le déambulateur à la main !
Non mais.
Du coup je ne change pas ma note. Et je lui rajoute même un petit <3.
Trop girly tavu.