Passivité de l'existence
Si vous vous intéressez à l’animation japonaise un peu plus que de raison, vous connaissez sans doute Kenji Miyazawa. Poète maudit de son vivant dont l’œuvre a essentiellement été publiée à titre...
le 17 mars 2016
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Si vous vous intéressez à l’animation japonaise un peu plus que de raison, vous connaissez sans doute Kenji Miyazawa. Poète maudit de son vivant dont l’œuvre a essentiellement été publiée à titre posthume, on lui doit entre autres la nouvelle Gauche le violoncelliste, adaptée par Isao Takahata en 1981. Budori, l'étrange voyage est la troisième adaptation animée de l’un de ses textes. On la doit à Gisaburō Sugii, lequel avait également réalisé Train de nuit dans la voie lactée… autre nouvelle de Miyazawa. Le film narre le périple de Gusuko Budori, jeune chat condamné à partir loin de chez lui pour subvenir à ses besoins suite au départ de ses parents et à l’enlèvement de sa petite sœur, dans un contexte d’hiver interminable et de famine.
Et manque de bol, si on espérait un peu plus qu’un joli conte faisant de valeurs nobles le moteur du récit, on se retrouve avec… un joli conte faisant de valeurs nobles le moteur du récit. Le travail, l’entraide et la solidarité y sont convoqués pour se faire témoins d’un Japon en proie aux ravages d’une Nature instable menaçant la vie des protagonistes. Et la principale limite du film de s’incarner dans un héros dont on suit l’apprentissage à la finalité trop vite dévoilée. La faute à une somme de parti-pris thématiquement cohérents mais qui vont à l’encontre de toute surprise. Là où l’on s’étonne dans un premier temps de l’absence d’expressivité du personnage, on se surprend à constater l’envie manifeste de contraster avec des seconds couteaux parfois surexcités. Un air parfois ahuri et une limitation de ses mouvements font que Gusuko Budori semble constamment découvrir le monde qui l’entoure, de même qu’il n’intervient oralement que pour poser des questions ou acquiescer. Avant même de paraître judicieux vis-à-vis de son évolution finale, c’est hélas avant tout un gros problème faisant de lui un être passif sur lequel s’imprime malheureusement le rythme du film, puisque orchestré de son unique point de vue. En résulte une centaine de minutes pas vraiment captivantes au-delà des jolis effets suscités par cette orientation, telle cette découverte progressive du monde qui entoure Gusuko Budori. Des environnements successifs à l’étrangeté bienvenue et totalement en accord avec un personnage dont le parcours est avant tout celui d’un apprentissage de la vie. Un apprentissage qui se montre plutôt répétitif pour le coup et peut-être trop fidèle au poème originel pour s’autoriser à ce qui manque clairement à cet étrange voyage : de vraies audaces narratives et visuelles.
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le 17 mars 2016
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