C’est le film qui a chauffé les festivaliers lors de la cérémonie d’ouverture, adaptation par Arthur de Pins de sa propre BD, j’ai nommé le très sympathique Zombillénium, coréalisé par Alexis Ducord.
Prévu pour une sortie dans les salles françaises à proximité d’Halloween, ce premier long-métrage est en quelque sorte une manière symbolique de boucler la boucle pour De Pins, lui dont l’aventure Zombillénium avait débuté par une couverture spécial Halloween du Journal de Spirou en 2009. Quelques années plus tard, il se servait également de son univers comme toile de fond du clip d’une chanson de Skip the use, pilote du film qui préfigurait déjà son orientation visuelle. Une expérience qui aura probablement nourri l’une des meilleures séquences du long-métrage, ce concert voyant zombies et vampires danser en harmonie et oublier le temps d’une chanson les conflits qui les opposent. Car avec sa hiérarchie bien établie selon les races de monstres travaillant à Zombillénium, qui on le rappelle est un parc d’attractions horrifique dirigé par de vrais loups-garous, morts-vivants et autres sorcières, le film reprend le sous-texte social qui transparaissait dans la BD. Si au nord, c’est Valenciennes, lieu où se situe l’action, c’est aussi les Corons, comme le chantonneront les monstres lors d’une scène poignante de descente littérale aux enfers.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : sa dimension politique et sociale, si elle s’avère indéniable, ne prend jamais le dessus sur l’humour et le fun de la BD. Soucieux de surprendre ses lecteurs, Arthur de Pins signe un récit centré sur un personnage absent des albums, bien que le postulat ne soit pas sans rappeler le parcours de son protagoniste. Le réalisateur en reprend bien sûr les fondations et la mythologie mais adopte une structure et des enjeux cinématographiques qui permettent d’offrir une introduction solide à son univers dans les quelques 78 minutes que le budget lui a accordé. Le film est carré, peut-être trop, en ce qu’il laisse cette impression que son monde a été à peine abordé. Son identité singulière semble même un brin phagocytée par le classicisme des enjeux et la rapidité de son exécution. Mais qu’importe au final, tant la sympathie qu’il dégage suffit à remporter l’adhésion. L’équilibre entre premier degré et envolées fun est idéal, de même que l’interaction entre ses personnages garantit des instants de franche comédie en plus d’un attachement immédiat envers eux. La personnalité du père de famille s’oppose ainsi à la relative passivité du héros des bouquins, accentuant de fait l’empathie pour sa romance avec une Gretchen toujours aussi belle qu’énervée. C’est là la grande force du film : si sa figure de vampire scintillant évoque l’absurdité d’une horreur commerciale et édulcorée à la Twilight, Zombillénium répond par un amour et un respect immodéré pour la nature de ses personnages. Une démarche pas vraiment poussée puisque l’on n’aurait pas été contre quelques vagues de trouille bienvenues, mais qui en soit suffit déjà à se prendre au jeu.
Bref, de sa BO d’enfer à son bestiaire excentrique, en passant par une 3D un brin cheapouille mais optimale dans sa retranscription du style d’Arthur de Pins, Zombillénium remplit sa mission de divertissement familial et qu’on ne manquera pas de se remater à l’occasion. Imparfait sans doute, mais pas vraiment de quoi bouder son plaisir.