Un ange passe

Attention, j’adresse ce texte aux gens qui ont vu le film, je dévoile donc des éléments d’intrigue.

J’en suis persuadé : Layla/Christina Ricci est un ange. Ou ce qui s’en approche le plus à Buffalo.
Quand elle apparaît pour la première fois, elle est nimbée d’une lumière blanche, brulante, aveuglante. Sa présence est providentielle pour Billy/Vincent Gallo. Ho, certes, la rencontre est brutale, mais elle reste, sans trop rien dire. Elle suit son chemin de croix.
Nous ne saurons jamais rien d’elle, si ce n’est son prénom. D’où elle vient, ce qu’elle fait, où elle vit, où elle va.
Peut-être même a-t-elle des ailes, mais je suis désolé, je ne les ai pas vu, mon attention était capturée par sa poitrine généreuse.
Elle irradie et sa lumière quasi divine touche même l’affreux père de Billy, touché par la grâce lorsqu’il chante. Elle arrive même à décrocher cette affreuse mère de sa télévision avec une grossesse sans aucun rapport sexuel préalable.
Elle est la chance de rédemption de Billy, sa sauveuse. Et jusqu’à la fin, j’ai cru que ce film était l’histoire d’un rendez-vous manqué avec un ange. Tous les ingrédients sont là : rédemption, vengeance, pardon. Jusqu’au bout, je n’ai pas cru au happy end, car il n’aurait pas dû arriver. Mais, il ne me choque pas, car là est le pouvoir des anges.

Et Billy dans tout ça. J’ai eu envie de lui mettre des claques comme de le prendre dans mes bras. Une personne torturée, violente, touchante. Dans sa construction comme dans son interprétation, le personnage de Billy est très abouti. Vincent Gallo joue une montagne russe émotionnelle épatante.
Ma principale interrogation est venue de la mise en scène, que j’ai trouvé de prime abord maladroite. Mais à mesure que le film avance, je me dis qu’elle est à l’image de Billy : brute, sans transition, écorchée, balbutiante. Elle est un mélange de plans très larges et d’une caméra au plus près des acteurs, un grand écart permanent entre distance et intimité. A l’image des réactions de Billy, composées de provocations adolescentes et de manque affectif enfantin. Même constat sur le rapport au corps : le refus d’être vu et touché se heurte à l’exhibitionnisme outrancier de la boîte de strip-tease.

Pour donner un avis plus tranché, c’est un très bon film, car l’excellente construction des personnages, tant principaux que secondaires, sont appuyés par une interprétation de grande qualité. Et j’aurais appris que les anges aiment le chocolat chaud.