Je ne sais pas ce que le charismatique Vincent Gallo a mis de lui dans le personnage qu'il incarne ici (Billy), mais franchement, il y a de quoi se poser des questions quant à la vraisemblance d'une telle existence...
Il faut dire que les premières minutes de Buffalo'66 m'ont carrément irrité tant Billy, fraîchement sorti (c'est l'hiver) de 5 ans de taule, semble à la fois incapable de prendre le risque de pisser sur la voie publique - à la manière d'un garçonnet timide -, pour ensuite nous montrer une personnalité de gros connard homophobe, impoli, violent, menteur, et j'en passe... Il kidnappe même une étudiante au visage d'ange (Christina Ricci en blonde), mais plantureuse et habillée d'une manière quelque peu vulgaire, afin de la présenter à ses parents et lui faire croire qu'ils sont mariés depuis tout ce temps.
Et puis il s'excuse. Et puis il redevient imbuvable. Et on n'en peut plus de ce gars. Surtout que son "otage" nous la joue "Syndrome de Stockholm", finissant par s'attacher à lui et à se prendre au jeu, par pitié certainement, après la rencontre avec ses parents, tellement pires que lui dans leur genre... L'accueil est froid, très froid, muet, et on découvre un père particulièrement nerveux et impatient, mais excellent chanteur (très belle séquence), ainsi qu'une mère qui s'en fout carrément de son fils.
Ils ne possèdent qu'une seule photo de leur fils dans toute la maison, et on comprendra mieux le titre du film puisque Billy serait né en 1966 le jour de la dernière grande victoire au Superbowl de l'équipe des Buffalo Bills (Bills-Billy) dont ils sont ultrafans, ayant fait rater le match à sa mère accouchant... De plus, à ceci se greffe une histoire de pari perdu lors d'une autre finale que les Bills n'ont pas gagné, provoquant la peine de prison de Billy, qui voudra désormais se venger en butant le buteur qui aurait selon lui fait exprès de manquer le "field goal" de la victoire (ouais je suis trop spécialiste en foot US !). Tout cela paraît quand même un peu gros, même si relativement cocasse et bien trouvé. Et finalement, on comprend qu'il soit aussi con et misanthrope ce pauvre type.
Nous découvrirons aussi que Billy n'a qu'un seul "ami", à priori très limité intellectuellement, et qu'il assure un max au bowling (superbe scène de claquettes sur le début de Moonchild de King Crimson), son unique motif de fierté. Sa vie n'en demeure pas moins pathétique, et il n'assume rien... Alors la fille veut coucher avec lui... Une sainte. Pourtant, Billy l'avait au début renommée Wendy, du nom de celle qu'il lui dira être le seul amour qu'il ait jamais connu, mais qu'ils rencontreront comme de par hasard dans un resto, histoire de bien nous faire comprendre qu'il y a de grandes chances qu'il soit encore puceau - quoique après 5 ans de taule, c'est pas vraiment sûr...
Ensuite, au motel, on le découvrira particulièrement pudique, se disant dégoûté par les femmes. Et je dois dire que les scènes s'y passant m'ont énormément plu - notamment celle de la baignoire. C'est émouvant et finalement assez drôle, parce que ce connard pathétique se révèle enfin sous son vrai jour. Quant au dénouement, il aurait pu être génial. Parce que cette scène en boîte, c'est du très très lourd ! Mais voilà, je me suis finalement retrouvé le cul entre deux chaises, l'une d'invraisemblances psychologiques, l'autre d'un petit sourire d'espoir accroché aux lèvres...
Et au final, en dehors de l'excellente bande originale, Buffalo'66 m'a beaucoup plu sur la forme, la photographie étant particulièrement stylée. Mais, je le répète, pas fan du traitement de la psychologie des personnages et des idées que cet amour véhicule... Mais pourquoi pas finalement... Tout peut arriver dans nos petites têtes névrosées. La preuve étant que je ne me suis pas du tout ennuyé pendant ce film.