Repas de famille un peu particulier
Un prétexte naît dans les 5 premières minutes, une tuerie sans concession où tout le monde, flics, vieux, jeunes mariés, passe l'arme à gauche sans tirer sa révérence. Deux flics absorbés par leur métier, un tueur implacable qui fait des cartons pour gagner sa vie, le contexte est posé. Lorsque les premiers prendront le cinglé en chasse, le cours de l’enquête les fera s'arrêter dans l’appartement d’une vieille dame, dont la caboche n’est plus de la première fraîcheur, qui les prendra pour les petits fils qu’elle ne voit pour ainsi dire plus jamais.
Dès lors, c’est l’occasion pour les deux représentants de la loi de mettre pied à terre, de déposer temporairement les armes pour tirer partie de quelques rencontres non planifiées. De situation en situation, Wilson Yip filme ces rencontres, imaginant les interactions qui peuvent se nouer entre des esprits qui n’étaient pas censés se rencontrer. Le résultat est un peu foutraque, bien troussé mais un peu volatile d'un point de vue narratif. Par contre, la belle performance de chaque acteur donne un réel intérêt à chaque petite scénette qui les met en scène, le temps que l’arrêt sur image qui les laisse vagabonder se termine. Puis le réel reprend ses droits, le tueur entre à nouveau en piste, pour un dernier ride meurtrier, qui s'annonce pour les protagonistes comme la fin d’un chemin trop tardivement pavé de bonnes intentions.
Bullets over summer est un film particulier. Dionnet le présente comme un neo polar HK teinté d’une influence «nouvelle vague». Je trouve la définition assez juste, car même si Yip garde les pieds sur terre, peu lui importe finalement l’histoire qu’il raconte, du moment que les hommes qui la peuplent ouvrent une porte vers leurs sentiments. Impalpable, troublant par moment, touchant à d’autres, Bullets Over Summer semble impalpable, difficile en tout cas à cerner. Sans avoir adhéré totalement au voyage que j'ai trouvé un peu long par moment, voir manqué sur la fin (le retournement de veste le plus rapide du monde), je sors de la séance impressionné par sa jolie singularité.