Le film coup de poing... Dans les couilles
Je trouve, pour commencer, que la critique de Patrick-Patou- Braganti résume tout à fait ce que j’ai ressenti en regardant Bullhead. Cédant à la pression cinéphile de mes congénères dythirambiques et vouant une passion à Matthias-Mat- SchoeuHFOUEH , sheiirohfi, shhhhhh, enfin, le beau gosse belge qui niquait Marion Cotillard dans Sauvez Willy 4, de Jacques Audiard (je ne sais pas si vous avez remarqué, mais mes connaissances les plus crétines et les moins cinéphiles –pléonasme- que je croisais durant l’époque bénie d’ « Un prophète » avaient tous cela d’épuisant qu’ils étaient ravis de se souvenir, pour une fois, du nom du réalisateur d’un film « d’auteur » (qui, entre nous, pompe éhontément « le Compte de Monte Christo ») et ne pouvaient donc s’empêcher de me demander toutes les deux minutes : « Tu as vu Un Prophète … De Jacques Audiard ? » alors que la veille ils ne se souvenaient même plus du nom du réalisateur de Vertical Limit qui passait sur Nrj12…)
Bref, j’ai donc vu Bullhead (Il y’a de puissants jeux de mots à faire avec le titre, une fois qu’on connaît le « lourd secret » de Matthias dans le film) et, comme Patou, je suis ressorti déçu. Déçu et même énervé de m’être fait mystifier à ce point. Non pas que le film soit mauvais, mais c’est assez frustrant de se dire qu’on est le seul à voir des trous de scénario, un manque de rythme affolant et des personnages qui ne sont pas tous fouillés au même niveau (Si quelqu’un a compris l’utilité du personnage de la commissaire, des oncles véreux ou du gay à moustache, qu’il me fasse immédiatement signe). Nous avons plus l’impression que tous les personnages secondaires sont là pour mettre en évidence Matthias (qui s’appelle quand même Jacky, ce qui est très rigolo quand celui-ci s’annonce à l’interphone de la jeune fille à la fin, c’est digne d’un sketch des Deschiens) qui joue, heureusement très bien, mais qui a tendance à nous paraître assez ridicule à mesure que le film se déroule. Je n’ai pas eu d’empathie pour lui à aucun instant, j’ai eu mal à sa place, bien sur, lors de la scène fatidique qui arrive dans l’histoire comme un flashback de « sous le soleil », mais jamais plus je ne l’ai pris au sérieux. Oui, vous allez me dire : « La perte de la virilité, la construction d’un corps qui n’est plus le sien, l’assimilation avec les bêtes dont il s’occupe… » Mais tout est trop appuyé. Il n’y a pas beaucoup de finesse dans la façon de traiter les personnages, ni le scenario, qui tourne à vide puisque les éléments de la « descente aux enfers » de Jacky…hihihi (pardon) sont là dès le départ (le roues de voitures… je me suis dit que ça allait évoluer… en fait non), ils ne changent pas et sont grossiers, surtout qu’ils sont servis par les deux rigolos de garagistes. Patou Braganti en parle intelligemment : Cette parenthèse comique sonne faux, les acteurs ne jouent pas juste ou sont tout simplement décalés par rapport à la pesanteur voulue de l’ambiance. Je trouve l’histoire d’amour très intéressante cela dit, et la gaucherie de Jacky m’a enthousiasmé. Mais concernant l’enquête, je la trouve aussi mal foutue et sans aucun intérêt, elle ne fait même pas évoluer la tension.
Certes, la photo est bonne, certains plans sont très intelligents (je ne dirais jamais le contraire), mais ce jeune réalisateur fait beaucoup d’esbroufe et perd de vue ce qu’il cherchait au départ selon moi. Je ne trouve rien de choquant, de dur ou de violent dans ce film. Il y’a pourtant quelque chose de lourd, mais ce n’est pas que l’ambiance. Peut être sont-ce les couilles des bovins qu’on ne montre pas vraiment et qui se balancent au rythme effréné des coup de poings de Jacky pour combattre un destin irrémédiable, je ne sais pas… Je suis peut être trop bucolique et je n’ose pas regarder en face la réalité du trafic d’hormones et de la campagne belge. Peut être que je ne me suis pas fait martyriser par un trisomique chef de gang, peut être que je ne suis pas devenu gay juste parce que je me suis laissé pousser la moustache. Dans tous les cas, j’attends aussi avec impatience le prochain film de Michael R. Roskam pour savoir si le monsieur a progressé dans ses cheminements, ou s’il est resté dans le choix facile de la pseudo dureté et du film « coup de poing »