Sous les contours d’un scénario un peu trop scolaire, Burn Out arrive tout de même à relever la tête grâce à son réalisateur, qui démontre un talent visuel dans des scènes de course pleines d’adrénaline et la mise en tension organique de son personnage.
Cela a déjà été dit à de nombreuses reprises, mais le cinéma de genre n’est pas beaucoup représenté en France. Avec l’histoire de cet homme qui doit sauver son ex-femme d’un gang de manouches en usant de ses qualités de pilote de motos, on semble malgré tout être en terrain connu.
Avec ce semblant de Série B, le mutisme de certains passages, la photographie aussi colorée que nocturne, les séquelles physiques de cette tension infernale, cette violence intériorisée, on sent que Yann Gozlan a bien révisé ses gammes, notamment celles de films tels que Drive ou même The Place Beyond the Pines. Certes, le cinéaste français n’est pas Nicolas Winding Refn et François Civil n’est pas Ryan Gosling, mais Burn Out s’extirpe de ces influences et s’accommode des codes du cinéma de genre pour modeler à sa guise une œuvre qui tient largement la route.
Il est vrai qu’il est difficile de se faire surprendre par un script qu’on voit venir avant le personnage lui-même et que l’intérêt pour les protagonistes secondaires s’étiole rapidement suite à un manque complet d’écriture, mais Burn Out utilise ses atouts de l’autre côté de la barrière, avec un dispositif visuel sensitif. Que cela soit par des scènes de course de motos tendues ou celles en Go Fast sur ces autoroutes pleines de néons hallucinogènes, Yann Gozlan amène un soin particulier à vouloir construire une identité esthétique, à amener une énergie sensorielle et immersive à son intrigue dans laquelle son personnage principal, François Civil, est quasiment de tous les plans.
Alors que nous ne sommes pas habitués à le voir jouer des rôles taciturnes et volcaniques, l’acteur est l’épicentre d’un film qui deviendra de plus en plus nerveux. Mais au-delà même de ces personnages et de la finalité de la trame scénaristique, c’est l’environnement développé, l’urgence constante du film, cette sensation continuelle et oppressante de danger agencée par Yann Gozlan qui amène un pouls à Burn Out. Certes l’imagerie du cinéma de genre français ne change guère avec la banlieue, les caïds de cité, les loubards, la clope, la violence, les petits arrangements, mais tout cet encadrement urbain devient un terrain de jeu propice à la soif visuelle et technique du metteur en scène.
Yann Gozlan offre un écrin racé, aussi élégant que tendu, se rapprochant plus de l’univers d’un Michael R. Roskam ou d’un Fred Cavayé que d’un Olivier Marchal. Il y a du savoir faire chez ce réalisateur qui sait manier les styles graphiques et le découpage dans les scènes d’action sans jamais que son film n’en devienne incohérent ou même gratuit : utilisant le huis clos d’une banlieue en guérilla, la rapidité et l’espace anxiogène d’une autoroute, les courses poursuites à 250 km/h avec la police, l’engin qu’est la moto n’a jamais été aussi bien mis en lumière dans un film d’action.
Loin d’être un shoot de testostérone bas de gamme à la Fast and Furious ou Le Transporteur, Burn Out se veut être un trip esthétique dynamique, avec son rythme qui ne baisse jamais en tension et son mixage sonore ébouriffant.
Article original sur cineseries le mag